Libération se penche mercredi sur les affaires d'Alain Afflelou. Le quotidien titre qu'en "matières de gros sous, Afflelou fait dans le flou" et révèle qu'il a été entendu en septembre dans une affaire de commissions occultes.
Selon Libé, le lunetier, dont l'ex-femme Rosalie Van Breemen s'est remariée, a été entendu par un juge d'instruction de Nanterre, Richard Pallain comme témoin assisté (ultime grade avant la mise en examen précise le quotidien). Il aurait été interrogé sur un investissement de 11 millions d'euros dans l'usine de chauffage de la Défense, investissement officiel et légal, mais pour lequel il aurait touché au moins 238 000 euros de commissions occultes en liquide, remis sous enveloppe au Fouquet's, et un virement en Israël.
Deux partenaires d'Afflelou (et ex-amis), dont l'un a été mis en examen, l'attestent sur procès-verbal.
Pour y voir plus clair, il faut revenir en 2001 au quartier de la Défense et à l'appel d'offre lancé pour le renouvellement du contrat de chauffage du quartier des affaires. Bernard Forterre et Jean Bonnefond remportent l'appel d'offre dans des conditions douteuses qui conduisent à la mise en examen du député-maire de Puteaux, Charles Ceccaldi-Raynaud, pour "favoritisme et corruption passive". Il faut savoir que ce dossier là, qui porte sur un marché public présumé truqué... est en panne.
La suite de l'affaire, c'est la mise en examen du duo Forterre-Bonnefond pour abus de biens de sociaux qui rebondira sur Alain Afflelou. Voici comment : pour reprendre le contrat de chauffage de la défense, tout en rachetant Climadef qui le détenait jusqu'alors (Libé parle d'un "coup fumeux"), après avoir obtenu d'une banque un prêt de 58 millions d'euros pour 24 heures (?) le duo doit sortir 10 millions de sa poche. Forterre-Bonnefond s'adresse à Laurent Gimel qui dirige la holding Jeben, qui s'adresse ensuite à Alain Pedretti, bien connu du milieu du football, qui s'adresse à son ami Afflelou. Le lunetier aurait accepté de financer le duo via Juben Holding et selon les dépositions de Pedretti et Gimel, d'encaisser au passage de confortables commissions :
"Afflelou a touché 3 millions de francs au noir, une gratification pour le remercier du prêt de 72,5 millions [11 millions d'euros, ndr]", a déclaré sur l'honneur Laurent Gimel. "Je lui ai remis 400 000 francs en espèce au Fouquet's et viré le reste sur un compte en Israël dont il m'avait donné les coordonnées". Laurent Pedretti en rajoute : "J'ai accompagné Gimel chez Afflelou qui lui a donné 300 000 francs après me les avoir montrés." On aurait donc un virement de plus 1,5 million de francs en Israël et de 700 000 francs en liquide, d'après leurs déclarations.
L'avocat du lunetier, qui est aussi celui de Christine Ockrent en plein scandale d'espionnage, Me Hervé Témine a déclaré qu'il n'y a "pas le moindre élément de preuves" et qu'il possède, a contrario, des "éléments" pour démonter les "mensonges" de Laurent Gimel et Alain Pedretti. Devant les enquêteurs, Alain Afflelou a expliqué son prêt de la sorte : "Pour dépanner un copain... Je fais ça facilement pour des amis."
L'enquête suit son cours et pour l'instant, Alain Affelou n'a pas été mis en examen, et reste totalement innocent des faits qui ne lui ont d'ailleurs pas été reprochés. C'est parole contre parole ce dossier pour le moment.