Conteur hors pair doté d'une voix suffisamment désabusée pour être honnête et suffisamment fière pour faire vivre en instantané des textes qui le méritent, Alexis HK s'apprête à sortir des ombres de la haute pègre, dans lesquelles il s'était fondu en 2009, avec "des airs de gangster de la chanson française d'après-guerre" (autoportrait que confirme sa récente sélection musicale sur playlistvip.com), dans l'album Les Affranchis.
Après avoir joliment tué... le temps en donnant naissance avec sa compagne Liz Cherhal à Ronchonchon et compagnie, un livre-disque pour enfants atypique auquel Juliette et Loïc Lantoine ont prêté leur voix, puis, toujours épris d'intimité et de camaraderie, en prenant la route en 2011 avec Renan Luce et Benoît Dorémus pour la tournée-concept Seuls à trois, l'artiste de 38 ans prépare la sortie de son nouvel album, Le Dernier Présent, attendu le 17 septembre 2012.
Tendre et lucide, Alexis HK dessine avec le single-titre le portrait d'un amour menacé par l'épée de Damoclès d'un monde qui se délite, où la finitude humaine est déjà elle-même un danger pour le moindre futur. "Que pourrais-je bien raconter pour rassurer tes yeux ombrageux ?", s'interroge le chanteur, en quête de réponses rassérénantes pour une jeune épouse (jouée par Steinunn Hrólfsdóttir) qui, en proie au doute et à la crainte de la catastrophe, fuit dans le clip signé Thierry Teston à travers des décors de nature sauvage et déserte. "Il paraît que le ciel ambitieux produirait trop de superstitieux/Il paraît que les hommes et les dieux ne savent plus faire l'univers heureux", constate-t-il avec calme, cherchant à l'apaiser en voulant croire à un futur serein, ensemble "vers le prochain été en caressant les beaux souvenirs" et le rire des enfants.
Car la peur n'évite pas le danger, comme vient le rappeler sans fracas et très symboliquement un crash d'avion - perte de connaissance et désorientation sensorielle à la clé -, au coeur du clip. Alors chaque instant, même obscurci par la perspective d'un sombre avenir, même crispé par "la peur de l'heure de partir" et de "perdre ton sourire", est bel et bien le "dernier présent", touchant dans sa relecture amoureuse du thème du carpe diem.
"Ça me fait du bien de te parler tant que nous sommes ici tous les deux", savoure finalement Alexis HK. Bel, et bien.
Guillaume Joffroy