Ça craint, Benjamin Biolay va encore être obligé de faire un discours. Mais si lui, ours artistique à la griffe perforante, n'aime pas franchement les hommages et les mises en pleine lumière, un peu à la façon d'un Depardieu côté Septième Art, on adore toujours le voir au pupitre. Car, au pied du mur, il a le talent de composer quelques phrases, parfois marmonnées, systématiquement signées, qui font mouche. Son hommage lumineux à Alain Bashung (il reprend d'ailleurs Ma Petite Entreprise, cette année, sur l'album hommage Tels Alain Bashung) lors de sa double consécration aux Victoires de la Musique 2010, ou sa sauvagerie revêche lors des Prix Sacem, en novembre de la même année, avant la volupté spleenétique de Ton Héritage, seul au piano, on ne s'en souvient que trop bien.
Lundi 17 octobre, Benjamin Biolay sera prié de monter sur la scène de l'Olympia, à l'occasion de la cérémonie du Prix Constantin. L'artiste, qui travaille à son prochain album, successeur de La Superbe qui sera en totale rupture, tout en se consacrant à ses retrouvailles discographiques avec deux femmes importantes dans sa vie (Isabelle Boulay et son ex-épouse Chiara Mastroianni), n'est pas en lice pour accrocher la fameuse distinction, lui qui n'y avait prétendu qu'une fois (en 2003 avec l'album Négatif, s'inclinant devant Mickey 3D et Tu vas pas mourir de rire). Il a pourtant déjà gagné.
Les internautes viennent en effet de lui accorder le prix de l'Artiste de la décennie sur la très vivace page Facebook officielle du Prix Constantin, désireux d'élargir son aura et son audience en conviant, à la manière d'awards plus "mainstream" (NRJ MAs, Victoires), le public à voter. Une récompense pas nodine dans la mesure où le Prix Constantin célèbre en 2011 le... dixième anniversaire de sa création en hommage au producteur Philippe Constantin. Jamais récompensé encore (et c'est à présent trop tard, puisque les entrants doivent avoir produit deux disques au maximum et n'avoir pas été certifiés disque d'or), Benjamin Biolay laissera donc malgré tout son empreinte sur la première décade de la distinction. Belle coïncidence, Benjamin Biolay célèbre lui aussi une décennie : dix ans depuis la parution de son premier album sensationnel, Rose Kennedy.
On ne se plaindra pas du choix d'une fanbase fidèle depuis lors, et qui s'est accrue avec le plébiscité La Superbe.
Quant au Prix Constantin, décerné l'an passé à Hindi Zahra pour Homemade, il se jouera en 2011 entre Alex Beaupain, Bertrand Belin, Brigitte, Cascadeur, Cyril Mokaiesh, L (déjà lauréate du Prix Barbara 2011), Lisa Portelli, Selah Sue, Sly Johnson.
Sincèrement, cela semble plus facile certaines années que d'autres. En l'occurrence, c'est possible de décerner 9 Prix ?