Quelques jours de polémique, en grande partie imputable aux représentants de l'extrême-droite, et cela aura suffi à faire plier la municipalité de Verdun après l'annonce de la venue de Black M en tête d'affiche du concert donné après les commémorations officielles pour le 100e anniversaire de la bataille de Verdun. D'abord silencieux quand les flots de critiques s'abattaient sur lui, le chanteur est sorti du silence...
C'est sur son compte Facebook, vendredi 13 mai 2016, que Black M a réagi à l'annulation de son concert, avec un texte bien senti. "Bonjour à tous. Je m'appelle Alpha Diallo, je suis français, né en France, à Paris, et j'ai 31 ans. Eduqué par la France, terre d'accueil de mes parents, terre qui m'a vu grandir et permis de vivre de ma passion. Une terre pour laquelle mon grand-père Alpha Mamoudou Diallo, d'origine guinéenne, a combattu lors de la guerre 39-45 au sein des Tirailleurs Sénégalais - ces mêmes Tirailleurs Sénégalais qui étaient également présents lors de la Bataille de Verdun. J'ai ressenti une immense fierté lorsque l'on a fait appel à moi pour participer à un concert en marge de la commémoration de la Bataille de Verdun pour l'ensemble des jeunes Français et Allemands réunis ce jour-là", a-t-il expliqué.
Une réponse sur son histoire personnelle comme pour répliquer aux accusations liées à ce qu'il chantait dans le titre Désolé, avec le groupe Sexion d'Assaut, où la France était considérée comme un "pays kouffar", un terme péjoratif désignant les mécréants en arabe... Black M ajoute : "Une polémique incompréhensible et inquiétante a malheureusement entraîné l'annulation de ma participation à cette manifestation. Je ne peux rester sans réponse face aux propos d'une extrême violence, tenus à mon égard, ces derniers jours. Je suis d'autant plus attristé par cette situation qui peut aujourd'hui toucher des milliers d'autres Français. Moi, Alpha Diallo, enfant de la République et fier de l'être, souhaite, par ce communiqué, faire barrière à ces propos haineux. Merci à tous ceux qui me soutiennent depuis le début, je ne ferai pas d'autres commentaires. Peace."
Si l'extrême-droite a bien évidemment exulté, du côté du gouvernement c'est le malaise. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux Anciens combattants, a déclaré à L'Express : "Je suis mécontent de ce qui se passe car cela donne l'impression de céder à des menaces, mais le maire a pris sa décision en conscience et il a mon soutien. C'est un militant de la paix et de la mémoire. (...) Le rap, ce n'est pas ma culture, je suis trop vieux. Mais il existe une liberté d'expression et de création pour lesquelles les poilus ont versé leur sang. A ma connaissance, Black M n'a jamais été condamné par un tribunal."
Thomas Montet