Ils ont pour héritiers des personnalités atypiques de la chanson françaises, des artistes que l'on ne peut ranger dans aucune case parmi lesquels on trouve le tout jeune papa Philippe Katerine, le revenant Arno ou la star M...
Eux, ce sont Brigitte Fontaine et Jacques Higelin, deux ovnis dans un monde musical ultraconformiste où l'originalité est souvent mise au ban. Mais les deux trublions de la chanson française en ont fait un credo et un sacerdoce depuis le début de leur carrière il y a de cela plus de 45 ans, alors que Jacques Brel, Barbara, Serge Gainsbourg ou Léo Ferrré écrivaient les plus belles pages de la musique hexagonale.
L'hebdomadaire Marianne a donc tenté la folle expérience d'une interview croisée des deux énigmes qui fascinent encore et toujours, jeunes et moins jeunes remplissant les salles de leurs concerts, signe de leur intemporalité. "C'est tout à fait normal, les petits zoulous et les petites louloutes nous aiment parce qu'on est vivants et qu'on ne pense qu'à une chose : à avancer, pas à prouver. Moi, je ne mourrai jamais. Mourir, où est l'intérêt ?" demande une Brigitte Fontaine toujours aussi sûre d'elle. Son frère "de coeur et d'esprit" - ils se sont rencontrés en 1965 pour l'album de reprises de Boris Vian, 12 chansons d'avant - avance une autre explication. Depuis le début de leur carrière, les deux artistes ont vécu à la marge de la chanson française, mais sans jamais chercher à jouer un rôle : "Peut-être que ce qu'ils viennent chercher chez nous, c'est de l'amour, parce qu'on cherche à rester vrais, à être soi-même. Je crois qu'on n'a pas trahi tous les âges de nos vies. L'enfant, le jeune homme, l'homme mûr et le vieil homme restent présents en moi. Et ça, les jeunes le voient. Nous sommes des gens vrais dans un monde de plus en plus violent et virtuel," confie ainsi Jacques Higelin, dont les enfants Arthur H et Izïa connaissent un succès retentissant, avec une victoire de la musique à la clé pour sa fille...
Artistes engagés, ces deux immortels qui ont connu leurs lots de galères et traversées du désert sont pourtant toujours bien présents, contre vents et marées. La preuve en est leur nouvel album respectif, Coup de foudre pour lui sur fond de crise, de coups de gueule envers les médias et de problèmes sociaux, duos avec le gratin de la chanson française pour elle. La diva intemporelle s'est entouré pour son disque, L'un n'empêche pas l'autre, de Bertrand Cantat, orphelin de Noir Désir, Christophe, Arno, Grace Jones, et bien évidemment Jacques Higelin.
Une effervescence créatrice qui tient en une chose, la vie. Jacques Higelin dans le texte : "Tant qu'on est vivant, c'est la moindre des choses d'être mouvant, émouvant. Après, on ne bougera plus. La mort, c'est notre condition. C'est même la seule chose dont on est sûr dans la vie. Moi, ça me rend joyeux d'être vivant. Je l'ai chanté, la mort est le berceau de la vie. Ça ne me fait pas peur. On peut disparaître dans la seconde qui fuit, qui suit. Alors..."
Ce serait donc la vie qui motive nos deux insatiables qui continuent de vibrer et de faire vibrer. "Parce qu'il n'y a pas de recommencements, que des commencements. La vie, elle commence toujours, maintenant, main-te-nant. Ce vers de Baudelaire, c'est ma maxime" fanfaronne Brigitte Fontaine. Une maxime qu'elle prend au pied de la lettre, puisque la mamie rock and roll de la chanson française va bientôt faire ses débuts au cinéma au côté de Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel dans Le Grand Soir, le prochain long métrage du duo Benoit Delépine et Gustave Kervern.
Etre là où on ne les attend pas tout en restant eux-même depuis plus de 45 ans... Il est peut-être là, le secret de Brigitte Fontaine et de son acolyte Jacques Higelin !
Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans l'hebdomadaire Marianne du 23 juillet 2011.