Quand il y a Serge, il peut y avoir Bardot dans les parages. Pas "la" Bardot, mais Patrice Bardot, cette fois. Bardot & Varrod, associés comme Bonnie & Clyde pour le hold up parfait sur le fonds de la chanson française, via l'irruption d'un magazine fièrement intitulé Serge. "Le grand" Serge, a-t-on manqué de peu d'écrire, tant la révérence et la référence se confondent en évidence : c'est bien Gainsbourg, l'homme à la tête de chou, qui a suggéré un peu de son âme à cette nouvelle feuille de chou - un peu plus que cela, en réalité. Une égide d'autant plus identifiable pour qui sait que Didier Varrod, connu des auditeurs de France Inter pour son Electron libre, signait en 2010 un énième documentaire remarquable, consacré à Serge Gainsbourg : "L'homme qui aimait les femmes".
Quelques années auparavant, entre des portraits saisissants de France Gall, Renaud, Julien Clerc ou encore Véronique Sanson et Nougaro (sans compter les ouvrages d'entretiens et biographies), le même Varrod se signalait en prenant pour objet... une star-académicienne qui venait de faire effraction hors de l'usine à produits musicaux de TF1. "Olivia Ruiz, Star-activiste", militait-il en 2003 via une réalisation qui s'attira les faveurs de la presigieuse Académie Charles-Cros. Est-ce donc réellement une surprise si c'est Camélia Jordana, mutine révélation du télé-crochet Nouvelle Star, qui s'installe en cover girl négligée en une du premier numéro de Serge ?
Héroïne moderne mais... Photo style vintage, de ces images d'archives dont on se repaît volontiers en explorant l'âge d'or (révolu ?) d'une certaine chanson française, en écho à un logotype rond et noir comme un vinyle, coups de stabilo sur capitales à en regretter les pochettes de 45 tours : "Serge, le magazine, ne fera rien comme les autres", annonce Didier Varrod dans les pages de Stratégies. Le titre, édité par Détroit Média (Tsugi, Reggae Vibes), connaîtra son baptême du feu le 21 septembre, au prix de 5 euros pour 116 pages, dans une version bimestrielle (50 000 exemplaires tirés) qui louche déjà vers un doublement de la cadence.
Pour viser le rythme de croisière mensuel, un an après le décès de feue la revue de référence Chorus, il lui faut réussir le pari de replacer la chanson française, empoussiérée dans cette appellation figée et immémoriale, au centre de l'actualité musicale : "La chanson française a toujours été présentée de manière "cheap" dans la presse, parce qu'elle était considérée comme un genre mineur", diagnostique Didier Varrod. "Il faut que cela change."
La recette de cette révolution ? "Serge n'aura ni agenda, ni brèves, ni chroniques de disques... parce qu'il y a le net pour tout ça..." Il y a le net, aussi, pour faire le buzz, jeune Serge...
Pas de brèves, une seule chronique par numéro (un vrai "coup de projecteur" et un positionnement éditorial fort), et des facettes multiples pour autant d'éclairages. Dans son "manifeste", Serge dévoile quelques-uns de ses axes clés, dont : "Serge est sexy, chic et populaire", "Serge est le magazine de l'exception culturelle", "Serge raconte la chanson, le rock, la pop, l'électro et le hip hop made in France", "Serge est un magazine "maousse" de 116 pages", "Serge raconte les grandes (et petites...) histoires de chanteurs ou de groupes, mais Serge crée aussi l'actualité car Serge est une tête chercheuse qui révèle la chanson de demain", "Serge provoque des rencontres inédites et décalées : Justice & Julien Clerc, Vanessa Paradis & Joey Starr, Diam's & Isabelle Adjani, Yannick Noah & Carla Bruni, Renaud & Charlotte Gainsbourg, Mylène Farmer & Jacques Audiard", "Serge aime débattre lors d'un grand entretien avec une Figure emblématique de la chanson", "Serge réveille la mémoire de la chanson Française en racontant l'histoire d'une salle, d'une maison de disques, ou d'un artiste qui nous a quittés", "Serge ne serait évidemment rien sans son côté "sea, sex et Fun", "les artistes dévoileront leur intimité en ouvrant leurs placards, frigos, révélant leurs lieux de vacances, spots de shopping et partageront même leur lit avec une de nos pétillantes journalistes." A ce dernier jeu, c'est l'exquis Alain Chamfort qui froissera les draps le premier.
On aime déjà, avant même d'en avoir dégusté le moindre contenu, tous ces rendez-vous abrités par "les belles lettres" de la chanson française qu'on adore ressasser : "Toute première fois" (les nouveaux talents), "L'instant X" (le moment où, l'anecdote phare), "Entrez dans la lumière" (portrait), "Je me voyais déjà" (les one shots), "Un beau roman" (les confidences pour confidences des artistes)... Et de pousser la subtilité jusqu'à flanquer sa une caméliesque du titre "Produit de l'année ?". Un clin d'oeil au single d'une certaine ancienne Nouvelle Star (Christophe Willem), mais également une astucieuse mise en abyme du magazine, qui aimerait sans doute se savoir "produit de l'année" à l'heure des inventaires...
Serge, prépare soigneusement le sommaire, on en connaît qui fileront direct aux rubriques "La déclaration", où un artiste passera aux aveux en confessant son plaisir coupable pour une chanson honteuse, et "Il suffira d'un signe", l'horoscope musical !
RDV avec Serge le 21 septembre.
G.J.