Agressée jeudi sur la place Tahrir du Caire où elle couvrait les manifestations, Caroline Sinz, journaliste de France 3, est de retour en France où elle a porté plainte pour viol. Invitée ce lundi 28 novembre, sur France Inter, au micro de Pascale Clark, la journaliste estime que cette plainte lui est "psychologiquement" nécessaire. "Comme on a quelques images, ça peut peut-être aboutir."
Caroline Sinz a d'abord souhaité rester en Égypte et poursuivre son travail, mais la peur de la foule a été trop forte. Elle est donc de retour à Paris. Elle ne peut cependant cacher sa colère contre les recommandations de Reporters sans frontières qui appellent les rédactions à ne plus envoyer de femmes couvrir les conflits égyptiens. "Nous appelons les rédactions à la prudence et à se soucier en priorité de la sécurité de leurs envoyés spéciaux et de leurs correspondants. Il est plus dangereux pour une femme que pour un homme de couvrir les événements de la place Tahrir. C'est une réalité à laquelle les rédactions doivent faire face. C'est la première fois que des agressions sexuelles répétées sont commises dans un même lieu contre des femmes journalistes. Les rédactions doivent se poser la question lorsqu'elles envoient des équipes sur place et prendre des mesures de protection particulières", a déclaré Reporters sans frontières. Caroline Sinz regrette que le milieu du grand reportage soit aussi machiste : "Les Femmes ont suffisamment de mal à aller travailler à l'étranger (...) Je ne me sens pas plus exposée qu'un homme, ce sont les compétences qui comptent." Elle se félicite par ailleurs qu'une femme ait pris son relais Égypte pour France 3. Pour sa part, elle assure qu'elle retournera en Égypte faire le travail qui est le sien.
Rappelons que la journaliste a subi un viol en plein jour. Un drame qu'elle a pourtant du mal à réaliser : "J'ai l'impression de raconter l'histoire d'une autre femme, de quelqu'un dont j'ai été le témoin. C'est certainement pour me protéger, ça viendra plus tard peut-être. Mais je peux parler. Je veux témoigner, non pas pour me montrer, mais pour raconter ce qui s'est passé car beaucoup d'autres femmes, égyptiennes notamment, subissent des viols et ne peuvent pas en parler." Caroline Sinz est revenue sur cette terrible épreuve : "Des dizaines d'hommes ont commencé à arracher mes vêtements, mes sous-vêtements et à me violer puisque lorsqu'il y a pénétration digitale, c'est un viol. C'est ce dont j'ai été victime pendant 45 minutes environ." Pendant ce temps, son cameraman était tabassé. C'est une terrible histoire.