Son charisme, son humour, son esprit... Catherine Deneuve était littéralement sublime sur le plateau de Quotidien sur TMC le 16 mars. L'actrice fait la promotion du film Sage Femme et cumule les interviews. Avec Yann Barthès, la star de 73 ans reviendra avec plaisir sur sa carrière, la musique – Nekfeu ou encore son ex-gendre Benjamin Biolay –, ses nombreux passages à la télévision et l'incontournable question sur sa prétendue froideur. Lorsque le show touche à sa fin,Yann Barthès l'interroge sur l'affaire Roman Polanski – accusé de viol sur mineure en 1977 – dont elle a déjà parlé dans d'autres médias. Sa réponse ne s'inscrit pas dans la mouvance du moment.
Il a toujours aimé les jeunes femmes.
"J'ai trouvé ça extrêmement choquant que quarante ans après, des femmes puissent encore prendre la parole pour faire sortir cet homme de sa réserve, c'est quand même un homme qui a une extrême réserve. C'est une affaire qui a été jugée, il y a eu des accords entre Roman Polanski et cette femme. Elle a demandé à ce qu'on arrête d'en parler. C'est incroyable que les femmes en général viennent redonner un coup de marteau sur la porte." La mère de Chiara Mastroianni et de Christian Vadim ne comprend pas que cela puisse choquer les féministes aujourd'hui : "J'aime beaucoup les femmes mais je ne suis pas d'accord avec toutes les féministes. Aujourd'hui, c'est abusif. Il y a toujours une image qui a été donnée à cette histoire qui est assez incroyable. C'est une jeune fille qui a été amenée chez Roman Polanski par sa mère, qui ne faisait pas son âge de toute façon. Il n'a pas demandé sa carte de visite. Il a toujours aimé les jeunes femmes. J'ai trouvé que le mot de viol avait été excessif." Yann Barthès rétorque : "Dire ce que vous dites en 2017, c'est quand même inaudible pour plein de gens." Ferme mais d'une voix posée, elle répond : "Oui, mais vous savez, tant pis pour moi, tant pis pour eux."
Si le présentateur a évoqué la question avec elle, c'est parce que Catherine Deneuve – qui connaît bien le metteur en scène pour avoir tourné avec lui en 1965 dans Répulsion – l'avait déjà abordée sur Europe 1 et dans L'Obs. Le sujet, brûlant, est revenu sous le feu des projecteurs quand le cinéaste franco-polonais a été choisi pour incarner la fonction de président des César. Des associations féministes et de nombreux utilisateurs des réseaux sociaux avaient été choqués qu'un homme accusé d'avoir drogué et violé une jeune femme de 13 ans qu'il devait prendre en photo puisse être honoré de la sorte. Voyant la polémique enfler, Roman Polanski a fini par renoncer à ce titre et a annoncé qu'il acceptait de revenir devant la justice américaine pour clore l'affaire une bonne fois pour toutes.
Beaucoup de femmes ont fait un raccourci.
Au micro d'Europe 1, Catherine Deneuve a déclaré : "C'est une oeuvre des féministes qui se sont déchaînées. À mon avis, certaines ne savaient pas bien ce qu'on reproche à Roman Polanski parce qu'il a été jugé. Cette histoire date de quarante ans, elle a été jugée, il a vraiment souffert. Cette jeune femme – très jeune femme à l'époque – lui a pardonné, il y a eu un arrangement financier... On ne peut pas, quarante ans après, continuer de lui reprocher. Je trouve ça vraiment très injuste. (...) Je suis sûr que beaucoup de femmes qui se sont lancées, comme ça, dans cette pétition, ont fait un raccourci en se disant qu'il s'agissait d'un homme qui viole des petites filles. C'est honteux."
Je ne suis pas fière des femmes, pas fière d'être une femme
Dans L'Obs, elle s'est dite ulcérée, montrant du doigt les réseaux sociaux qui se montrés "ignobles" selon elle : "Le choc qu'il a éprouvé au moment des César a été tel qu'il envisage de retourner aux États-Unis pour en finir avec ce qui s'apparente pour lui à une tragédie. Et il ne veut pas mourir avec ça. Dans cette histoire, alors que je suis féministe, je ne suis pas fière des femmes, pas fière d'être une femme. Et puis quoi, il faut savoir pardonner. Même la victime [Samantha Geimer] l'a exprimé, ce pardon, et a demandé que toutes les poursuites contre Roman [qui a fui les États-Unis voyant que l'accord passé avec le procureur avait été rompu] soient abandonnées."
L'opinion de Catherine Deneuve ne va pas faire l'unanimité, mais la comédienne aura le mérite d'assumer ses positions.