Le mythique cinéaste et producteur français Claude Berri, à qui l'on doit des oeuvres comme Tchao Pantin, Jean de Florette, Manon des Sources ou Germinal, nous a quittés en janvier 2009 à l'âge de 74 ans.
Passionné de cinéma, Claude l'était aussi en matière d'art et possédait une fabuleuse collection, qui devait revenir au Centre Pompidou afin que les oeuvres soient exposées au grand public. Mais dans ce marché de l'art où sont maîtres la gestion des affaires et l'argent, les héritiers de Claude Berri, Darius et Thomas Langmann (actuellement en pleine production de La guerre des boutons), auraient refusé de signer la dation qui promettaient une dizaine de chefs-d'oeuvres abstraits au célèbre musée parisien, parmi lesquelles quatre Robert Ryman, un Ad Reinhardt et un Fontana, pour une valeur totale de 30 millions d'euros.
Le Journal des Arts vient en effet d'annoncer sur son site internet que les deux fils du cinéaste s'étaient rétractés afin de pouvoir "vendre les oeuvres au Qatar pour une somme de 50% supérieure à l'offre de l'État français".
Dans un dossier de dation déposé par une famille, ce dernier est transmis au musée national concerné où une commission d'experts l'examine et envoie un avis au ministère du Budget (comme nous l'apprend Le Figaro et vous, en kiosques aujourd'hui). Dans le cas de la famille Berri et de ses oeuvres, tout semblait réglé depuis novembre 2010, le contrat n'attendant plus que les signatures de la fratrie héritière. Mais lors des ventes de New York (qui se sont tenues fin 2010), les deux fils Berri auraient rencontré des Qataris intéressés par la collection et auraient décidé, seuls, de vendre en privé les pièces de leur défunt père.
Alfred Pacquement, directeur du Musée national d'art moderne de Paris confie dans les pages du Figaro et vous : "Ils ont tout simplement retiré leur offre à la toute fin du processus, chose sans précédent dans l'histoire des dations à Beaubourg. Je suis extrêmement déçu, car la dation Berri constituait un fort bel ensemble, très complémentaire de nos collections."
La rumeur qatarie n'a pas été confirmée et d'autres pistes ont même été avancées (pour faire diversion ?). Toujours est-il que cette vente privée décidée au dernier moment "irrite" aujourd'hui fortement le monde de l'art...
Rappelons que la dation permet entre autres aux héritiers de régler les droits de succession de cette manière. Si les oeuvres de Claude Berri échappent effectivement au Centre Pompidou c'est que la proposition du Qatar (ou autre ?) est très supérieure au cours du marché et permettrait à Darius et Thomas Langmann de régler leurs droits de succession sans souci...
A.I.