Il y a quatre ans, Clint Eastwood s'illustrait lors de la clôture de la convention républicaine de Tampa en Floride en soutenant le candidat Mitt Romney. Sur scène, le légendaire visage de westerns cultes devenu un réalisateur prolifique s'était lancé dans une étrange diatribe, servant un discours aux côtés d'une chaise vide représentant le candidat démocrate de l'époque, Barack Obama. Dans cette curieuse séquence, il avait critiqué pêle-mêle les résultats moyens de son premier mandat, pointant du doigt les 23 millions de chômeurs, la fermeture controversée de Guantanamo et les décisions incohérentes du président. Mais le réalisateur de Gran Torino avait été fortement critiqué après son intervention.
Aujourd'hui, Romney a laissé place à Donald Trump – à qui il n'a d'ailleurs pas apporté son soutien – et Clint Eastwood, 86 ans, est toujours là pour soutenir le camp républicain. Dans un entretien croisé avec son fils Scott (Suicide Squad) pour Esquire, le paternel a livré un discours offensif. Selon le cinéaste que l'on retrouvera bientôt au cinéma dans Sully, Donald Trump "a mis le doigt sur quelque chose" dans le sens où, à ses yeux, "tout le monde commence à en avoir marre du politiquement correct, de faire de la lèche". "On est en pleine génération lèche-cul, maintenant. On est vraiment dans la génération mauviette. Tout le monde marche sur des oeufs. On voit des gens en traiter d'autres de racistes et tout ça. Quand j'étais petit, on n'appelait pas ces choses du racisme", déclare-t-il. On apprendra plus tard, après une longue parenthèse sur la politique, que Scott Eastwood a quitté brutalement l'interview pour se rendre à la première d'un film. Et qu'il n'a pas tenu à exprimer ses convictions.
L'acteur du Bon, la Brute et le Truand croit savoir que "Trump dit ce qui lui passe par la tête" et que "parfois, ce n'est pas si bon" comme ses propos sur le juge mexicain (Gonzalo Curial enquêtait l'université Trump et ce dernier l'avait accusé de le haïr parce qu'il était mexicain) qu'Eastwood qualifie de "débiles", clamant toutefois que les médias "doivent passer à autre chose, putain". "Parfois... Je peux comprendre d'où il parle, mais je ne suis pas toujours d'accord avec lui. (...) Je n'ai soutenu aucune candidature, je n'ai parlé ni à Trump ni aux autres", assure-t-il en écho aux primaires où Donald Trump a éliminé un à un ses rivaux, de Ted Cruz à John Kasich. Puis il finit par dire : "Il faudra que je vote Trump, parce qu'Hillary Clinton a dit qu'elle suivrait les pas d'Obama", dit-il sans cacher que la candidate est une "voix résistante." "Il y a juste eu trop d'embrouilles d'un côté politique comme de l'autre. Elle s'est fait beaucoup de fric en étant femme politique. Moi j'ai tourné le dos au fric pour être un homme politique [Il a été maire de la ville californienne de Carmel entre 1986 et 1988, NDLR]. Je suis sûr que Ronald Reagan a fait pareil pour devenir un homme politique." Quant à la fameuse chaise vide, il avouera que c'était "bête" et qu'il avait utilisé une chanson de Neil Diamond pour sa métaphore ("personne ne l'écoute, pas même une chaise"), ce qu'apparemment, personne n'avait saisi.