Alain Bernard fait partie des survivants. Comme Sylvain Wiltord, Jeannie Longo, Philippe Candeloro et Anne-Flore Marxer. Leurs compagnons d'aventure de l'émission Dropped de TF1 ont péri dans le double crash d'hélicoptères qui a fait dix morts. Florence Arthaud, Alexis Vastine et Camille Muffat sont décédés au côté des deux pilotes et de cinq techniciens de la société de production ALP. Alain Bernard s'est confié RMC Sport à qui il livre un premier témoignage bouleversant : "On est marqué, on est choqué, on est profondément attristé."
La nageur, champion olympique du 100 m (Pékin 2008), explique être lui-même pilote. Quand l'équipe adverse s'est envolée, par curiosité, il a souhaité observer. Il a vu les deux hélicoptères décoller, puis faire des tours à basse altitude avant de partir : "Au moment où les hélicoptères s'éloignent, à ce moment-là, je regagne le camion dans lequel se trouvaient Philippe, Anne-Flore et Jeannie pour récupérer mes affaires. On a alors entendu un 'flack' énorme, le bruit d'hélices qui percutent quelque chose. Avec Anne-Flore, on tourne la tête, on voit de la fumée qui s'échappe au loin. Cinq à dix secondes après, on n'entend pas non plus le deuxième hélicoptère. Là, pour moi, ça ne faisait aucun doute, il s'était passé quelque chose de dramatique. Quand nous sommes arrivés sur place, il n'y avait plus rien à faire. Tout était en flammes. (...) Dans ce malheur, c'est la seule chose un peu réconfortante : se dire qu'ils n'ont pas eu le temps de se rendre compte de ça et qu'ils sont partis rapidement." Le retraité des bassins ajoute qu'en raison du jeu, les trois sportifs que la France pleure depuis mardi avaient les yeux bandés.
Dans cette longue interview, Alain Bernard raconte également que les pilotes et la production avaient pris toutes les précautions, retardant le tournage du jour pour attendre des conditions météo optimales : "On avait affaire à des pilotes professionnels, aguerris qui ne voulaient nous faire prendre aucun risque", estime le nageur de 31 ans.
Le champion tient à préciser qu'il ne devait pas monter dans l'un des deux hélicoptères qui se sont écrasés comme cela a pu être écrit ailleurs. Les candidats étaient séparés en deux équipes, c'était à Alexis, Florence et Camille de partir les premiers. "On les a même vus au loin se chamailler en montant dans l'hélicoptère. Il y avait vraiment une bonne ambiance." Alain Bernard est incapable de décrire l'ambiance qui règne au sein du clan français depuis l'accident en Argentine. Il parle d'incompréhension, d'injustice, de fatalité. De tristesse infinie et de liens tissés avec l'équipe, les candidats comme les journalistes et les techniciens. "C'est une grande claque qui nous rappelle à l'ordre", résume Alain Bernard. Malgré le choc immense, la "violence de ce qui leur est tombé dessus", le nageur pense avant tout aux familles de ceux qui ont péri. "On est marqué, on est choqué, on est profondément attristé et toute notre peine n'a rien d'équivalent par rapport à la peine des familles et des proches des victimes. Rien que pour ça, on se doit de penser vraiment à eux."
L'intégralité de cette interview exclusive RMC Sport à lire ici.