La vie, cette aventure faite de hauts, de bas, de oui, de non, mais aussi, et surtout, de hasards et autres coïncidences frappantes. Et ce n'est pas Francis Huster qui dira le contraire. Dans un récit livré au magazine Paris Match, le comédien revient sur un événement surprenant qui a marqué son enfance et bouleversé son destin.
1957. Francis Huster a 10 ans tout rond. Fils de couturière, quand il n'est pas à jouer à deux pas du Jardin des Tuileries avec son copain de classe - un certain Patrick Dewaere -, le futur sociétaire de la Comédie-Française aime accompagner Rose, sa grande-mère amatrice de jeux de cartes, durant ses séjours à répétition à Montecatini, station thermale du nord de l'Italie. Et c'est à l'hôtel Cristallo, où les deux complices ont l'habitude de se rendre, que va se jouer une scène qui troublera Francis Huster toute sa vie.
"Dans le salon illuminé, on joue aux cartes. Un homme que je n'ai encore jamais vu attire mon attention. De profil, il ressemble comme deux gouttes d'eau à Alfred Hitchcock, raconte l'ex-compagnon de Cristiana Reali. Malgré une silhouette légèrement bedonnante comme la sienne, il est extrêmement élégant dans son costume clair, assis entre deux femmes. Alors, je ne le lâche pas du regard."
"Soudain, tout bascule. Je crois qu'il est en train d'abattre une carte lorsque sa tête s'écroule sur la table, son jeu encore entre les mains. Sa voisine de table se lève, crie et fond en larmes. L'autre vacille, livide, le corps penché sur lui, poursuit Francis Huster. J'entends un boucan terrible, l'affolement gagne la salle. [...] Pétrifié, rien ne m'échappe du ballet des médecins, des pompiers et des policiers. [...] Je me souviens des sirènes dans la nuit, d'un brancard ; et puis plus rien."
Sans le savoir, le jeune Francis vient d'assister au trépas d'une personnalité connue et reconnue et qui n'est autre que Christian Dior, célèbre couturier et créateur de la maison Dior. Mais ce n'est que trente ans plus tard que le comédien prendra, par hasard, connaissance de l'identité de cet homme mystérieux, décédé sous ses yeux. Après une discussion avec Jean Marais, son partenaire de scène dans Le Cid, la pièce de Corneille, qui lui met la puce à l'oreille, des recherches poussées confirment en effet que "c'est bien Christian Dior qui est à quelques mètres de [lui] ce soir-là, le 24 octobre 1957". Et de cette coïncidence stupéfiante, Francis Huster retient une chose : "Aujourd'hui, je pense qu'il a été mon ange gardien."