Il y a dix ans, Gilbert Bécaud succombait à un cancer des poumons à l'âge de 74 ans. C'était un 18 décembre. Contrairement à Charles Trenet (mort en 2001), Serge Gainsbourg et George Brassens (morts en 1981) ou Yves Montand (disparu en 1991), l'anniversaire de la disparition de M. 100 000 volts est plus discret. Il était pourtant la première rock star française.
À cette occasion, Michel Drucker lui consacre aujourd'hui 18 décembre un Vivement Dimanche et France 3 diffusera, à 23h20, un très beau documentaire produit par Dominique Besnehard et Marie-France Brière. EMI, sa maison de disques historique, édite une anthologie en 12 CDS. Warner publie l'album Et maintenant où des artistes comme Johnny Hallyday, Julien Clerc, Ayo ou encore Olivia Ruiz reprennent ses plus grands titres.
Si l'influence de Gilbert Bécaud se fait discrète, c'est pour une raison historique selon Bertrand Dicale, le brillant journaliste spécialiste de la chanson. La modernité du chanteur a été immédiatement engloutie par la vague yéyé : "C'est un peu ce qui serait arrivé aux Beatles si les Sex Pistols avaient explosé en 1967. Très vite il n'est considéré que par son passé et chante des chansons pour adultes qui touchent un public sans âge." Et pourtant, sur le plateau du Grand Journal, Johnny Hallyday rappelle que lorsqu'il a commencé à faire ce métier et à faire du rock'n'roll, "lui on l'appelait déjà M. 100 000 volts." Un surnom qu'il n'a pas usurpé : c'est pour lui que, pour la première fois, des spectateurs électrisés par la musique ont brisé les sièges de l'Olympia. Olivia Ruiz, qui lui hommage sur l'album édité par Warner, résume assez bien son énergie : "Il y a un état d'urgence, un côté bestial sur scène que l'on retrouve aujourd'hui en allant voir des groupes super punk. Il est assez rare de voir un artiste de chansons comme lui qui soit aussi rock'n'roll sur scène et aussi violent. C'est ça qui me plaît dans les interprétations de Bécaud et qui me bouleverse. On l'impression que c'est une question de vie ou de mort."
Après le Bolero de Ravel, c'est une chanson de Gilbert Bécaud qui est l'oeuvre française la plus exportée : Et maintenant. Ses chansons ont même été reprises par Elvis Presley (Et maintenant/what now my love) et Nancy Sinatra (Je t'appartiens/Let it be me).
Aujourd'hui, les femmes de sa vie, sa veuve Kitty et les filles du chanteur, se retrouvent dans sa propriété du Poitou qu'il aimait tant. Il y a Emily, la fille que Kitty a eue avec Gilbert en 1972, qui longtemps été sa régisseuse. Noï, une Laotienne adoptée en 1992 à l'âge de 6 ans, devenue radiologue. Il y a également Jennifer, fille de Janette Woollacott (décédée en novembre) qui eu une brève mais intense histoire d'amour avec l'interprète de Nathalie. Et enfin Anne, comédienne. Toutes forment un clan dont cette propriété du Poitou, que Gilbert Bécaud avait rêvé en grande maison de famille, est le coeur. Elles posent cette semaine dans Gala pour évoquer le souvenir de leur père.
Kitty a choisi de se confier dans un livre, écrit avec Laurent Balanbras, et intitulé Gilbert Bécaud, la première idole. On ne saurait que trop vous encourager à vous plonger ses souvenirs et dans les chansons de Bécaud... Toutes nos pensées à l'artiste.