"Nous démentons formellement l'engagement relationnel de Charb avec Jeannette Bougrab. La famille ne veut plus que Jeannette Bougrab s'exprime au sujet de Charb dans les médias de quelque manière que ce soit. Nous demandons de respecter le deuil de la famille", déclarait à l'AFP le frère de Stéphane Charbonnier dit Charb, décédé le 7 janvier dernier lors du massacre dans la rédaction de Charlie Hebdo. Une demande à laquelle Jeannette Bougrab n'accède pas. Bouleversée par le décès de son supposé compagnon, la secrétaire d'État ne cesse de multiplier les déclarations, quitte à révéler de très nombreux détails, parfois gênants, sur son intimité avec Charb et la tuerie.
Des moments intimes avec Charb diffusés
Provisoirement exilée aux États-Unis, Jeannette Bougrab a livré une longue interview à la chaîne américaine MSNBC. Après avoir dévoilé un extrait de l'entretien dans lequel la Française disait vouloir mourir, la chaîne vient de publier l'intégralité du reportage. "Je ne dors pas, je ne mange pas, je bois juste un peu d'eau. Je voudrais mourir et lui donner ma vie", commence Jeannette Bougrab d'une voix faible, en anglais, avant de rendre hommage à "[s]on amour". "Charb est un grand homme, c'est mon héros. Il se battait pour la laïcité, pour la liberté. Il était juste un caricaturiste et il est mort parce qu'il était un caricaturiste. C'est impensable. J'aimerais prendre sa place", continue-t-elle.
Ne s'exprimant plus sur le sujet devant les caméras françaises, la femme politique a, à l'inverse, choisi de tout dévoiler aux médias américains. Comme si elle cherchait à démontrer que sa relation avec Stéphane Charbonnier ne pouvait être niée, Jeannette Bougrab présente ensuite plusieurs photos et vidéos privées dans lesquelles on peut voir le caricaturiste aux côtés d'elle et de sa fille adoptive May. L'ancienne chroniqueuse du Grand journal sur Canal+ a aussi apporté avec elle quelques cadeaux que Charb lui a faits : un livre dédicacé, une batte de base-ball sur laquelle il a réalisé un dessin ou encore un dessin où il avait écrit "Bougrab, je vous love".
Un témoignage impudique ?
Allant toujours un peu plus loin dans les détails, quitte à trop en faire, Jeannette Bougrab est ensuite revenue sur le jour du drame. "Lorsque j'ai entendu les nouvelles, j'ai voulu l'appeler mais il ne répondait pas. D'habitude, il répond toujours immédiatement. J'ai appelé des amis, personne ne savait ce qu'il se passait. Alors j'ai pris un taxi et je suis allée à Charlie Hebdo. J'ai vu des policiers et le président de la République. J'ai demandé 'où est Charb ?' mais il n'a pas répondu. Quelqu'un a dit : 'Il est mort' (...) Je ne voulais pas le croire alors j'ai voulu entrer dans les locaux du journal mais un garde du corps m'a confirmé que Charb était mort et m'a dit qu'il valait mieux que je n'entre pas car ce n'était pas beau à voir", explique-t-elle.
Puis, en larmes, Jeannette Bougrab a raconté son tête-à-tête avec la dépouille de Charb. Un témoignage bouleversant et même franchement gênant, surtout lorsqu'elle évoque les deux fois où elle s'est rendue à la morgue afin de lui faire ses adieux à Charb. Racontant que les doigts du dessinateur viraient au bleu et qu'il "n'avait plus de visage".
Partie à l'étranger "pour tenter d'oublier ce terrible cauchemar" - comme elle l'écrivait il y a quelques jours sur son compte Facebook -, Jeannette Bougrab ne peut pourtant pas s'empêcher de le ressasser très publiquement...
Sarah Rahimipour