Comme si les différents témoignages surgis depuis quelques jours concernant ses affinités avec Jeffrey Epstein, magnat condamné à 18 mois de prison pour exploitation sexuelle de mineures que le prince rencontrait à nouveau en décembre (photo à l'appui), ne suffisaient pas, Andrew d'York, second fils de la reine Elizabeth II d'Angleterre et père des princesses Beatrice et Eugenie, doit encore essuyer un tollé général en raison de ses relations avec le clan Khadafi.
La classe politique de plus en plus gênée par les amitiés du prince Andrew...
De plus en plus décrié dans ses fonctions (non rémunérées, mais défrayées par le contribuable - rien qu'en voyages, cela représente un budget coquet) d'ambassadeur du commerce extérieur britannique, le prince Andrew est dans le collimateur de la classe politique, qui aimerait dans une large partie le voir destitué de ce rôle en raison de ses accointances avec Saïf Al-Islam, deuxième fils du dictateur Mouammar Khadafi diplômé de la London High School of Economics et très lié aux élites britanniques (dont Tony Blair, parmi beaucoup d'autres).
"N'est-il pas de plus en plus difficile de justifier le comportement de l'ambassadeur spécial de l'UKTI (commerce et investissement extérieurs britanniques), qui n'est pas seulement un ami proche de Saïf Khadafi, mais également un ami proche du traficant d'armes libyen Tarek Kaituni ?", s'est ainsi insurgé l'ancien ministre des Affaires Etrangères Christopher Bryant devant la chambre des communes. N'est-il pas temps que nous nous passions des services du duc d'York ?"
Quand Andrew revoit son ami pédophile...
Et si le prince Andrew cristallise le ressentiment tandis que le gouvernement Cameron a décidé le gel des avoirs libyens sur décret de la reine, ses amitiés au sens large (notamment avec des magnats russes, du Moyen-Orient ou d'Afrique du Nord) ne sont pas pour rien dans cette soudaine poussée d'animosité. "La liste des griefs contre le prince Andrew s'allonge de jour en jour, renchérit un représentant de la chambre des communes. Ses relations avec la famille Khadafi ainsi que d'autres personnages à la réputation douteuse rendent sa position intenable."
Photographié au mois de décembre en compagnie de son ami milliardaire Jeffrey Epstein à Central Park (New York), un ami reconnu coupable d'exploitation sexuelle de mineures (jusqu'à 14 ans, pour les plus jeunes) dont il avait l'habitude d'offrir les faveurs à ses amis et condamné à 18 mois de prison (peine qu'il a achevé de purger en juillet 2010), Andrew d'York a pâti des révélations, en début de semaine, d'une jeune femme qui fut anciennement une des favorites d'Epstein.
Dans l'édition dominicale du Daily Mail, Virginia Roberts raconte les quatre années qu'elle a passées auprès de Jeffrey Epstein, d'abord en tant que sa "masseuse personnelle" puis se laissant former au rôle de prostituée pour le magnat et ses amis (acceptant tout de peur de retourner à une vie de misère), jusqu'à ce que les choses aillent trop loin pour elle (et qu'elle devienne trop âgée au goût de son "propriétaire") et qu'elle tombe amoureuse d'un autre homme. Dans ce récit, le prince Andrew est cité : la jeune femme se souvient avoir été "acheminée" à Londres en 2001, alors âgée de 17 ans, pour faire sa rencontre.
Virginia Roberts : le témoignage à charge d'une favorite de Jeffrey Epstein
Ancien directeur d'investissement qui fut un temps proche de Bill Clinton et de Donald Trump, Jeffrey Epstein, 58 ans, que le prince Andrew connaît depuis au moins 2000 ainsi que sa grande confidente Ghislaine Maxwell, avait commencé à être inquiété en 2005 suite à la plainte de la mère d'une fille de 14 ans qu'Epstein aurait payé en échange d'un "massage érotique". S'ensuivit une enquête du FBI alimentée par de nombreux témoignages, mais Epstein s'en tira à bon compte en passant un marché et en plaidant coupable pour deux délits relativement mineurs - on estime également que son carnet d'adresses a permis de faire pression sur certaines personnalités influentes.
C'est à l'occasion de la publicité faite aux "retrouvailles" d'Epstein et du prince Andrew durant quatre jours à New York que Virginia Roberts, aujourd'hui mère de trois enfants, a décidé de témoigner, elle qui était entré dans son cercle de prostitution à 15 ans, en 1998. Dans la plainte qu'elle avait déposée contre le milliardaire, elle écrivait avoir été "sexuellement exploitée par des amis adultes d'Epstein, y compris des têtes couronnées". Plusieurs jours durant, elle relate au Daily Mail comment, adolescente paumée, elle s'est laissé prendre dans l'engrenage depuis le jour où Ghislaine Maxwell l'amena à Epstein, lui laissant miroiter la possibilité de devenir une masseuse professionnelle - une formation qu'Epstein paiera quelques années plus tard à Virginia, l'envoyant pour cela en Thaïlande, où elle tombera amoureuse et l'appellera pour lui dire qu'elle ne reviendrait pas. Pendant quatre années, dont trois sous la majorité, Virginia Roberts, au départ animée par la peur de déplaire à des gens si importants et d'être rejetée dans sa vie misérable d'avant, puis, avec le temps, convaincue d'être "spéciale", dispense ses faveurs (entre la somptueuse résidence de Palm Beach, le ranch à Mexico, le fief new-yorkais - une des résidences personnelles les plus importantes de Big Apple - ou encore l'atoll aux îles vierges, où elle fut envoyée à plusieurs reprises pour distraite des hommes mûrs), rémunérées la plupart du temps à l'acte. Des années durant lesquelles elle voyage avec Epstein, qui la présente à des stars telles que Naomi Campbell, Al Gore ou Heidi Klum comme sa "masseuse itinérante".
La rencontre avec le prince Andrew
Virginia Roberts se remémore sa première rencontre avec le second fils de la reine. "Ghislaine a servi le thé et les gâteaux. Elle connaissait Sarah Ferguson et ils se sont mis à parler, avec Andrew, de ses filles. Ghislaine a alors demandé à Andrew de deviner mon âge, il a mis dans le mille en répondant 17, et ils ont ri. Ghislaine a plaisanté, disant que je devenais trop vieille poru Jeffrey et qu'il allait "bientôt devoir m'échanger". Son goût pour les jeunes filles était notoire." Tous les quatre sont ensuite allés dîner dans un club, Andrew a dansé avec Virginia, puis ils sont rentrés, Virginia a demandé une photo souvenir avec le prince, et celui-ci s'en est allé.
A l'époque, rien ne prouve qu'Andrew d'York savait qu'Epstein payait de jeunes filles en échange de faveurs sexuelles. En revanche, il ne pouvait pas l'ignorer lorsqu'ils se sont vus en décembre 2010...
Leur seconde rencontre eut lieu quelques semaines plus tard. En arrivant, Virginia voit le prince Andrew au salon, une autre jeune femme (Johanna) sur le sgenoux. Ghislaine plaça Virginia sur les genoux du duc d'York aussi. Virginia raconte la blague d'Andrew, quand celui-ci posa une main sur sa poitrine.
Leur troisième et ultime rencontre se tint sur l'île d'Epstein dans les Caraïbes. C'est là que l'histoire prend un tournant : Epstein demande à la jeune femme de porter son enfant. Dégoûtée et horrifiée par la proposition, elle parvient à garder son sang-froid et à donner une réponse maligne : "Je veux d'abord faire ma formation de masseuse, on verra ensuite." Elle part pour la Thaïlande, ne reviendra jamais vers Epstein, et n'en parlera même plus... jusqu'à ce que le FBI la contacte.
Dans son récit, rien ne permet de penser qu'elle ait eu le moindre rapport intime avec le prince Andrew (aux yeux de la loi britannique, elle avait au moins la majorité sexuelle dès leur première rencontre), mais son témoignage démontre que le fils de la reine était régulièrement dans la sphère d'Epstein et dans ses résidences (particulièrement sa villa cossue de Palm Beach) où déambulaient de très jeunes femmes peu vêtues.
Les massages quotidiens du prince Andrew...
Quelques heures après le témoignage de Virginia, un autre récit à charge apparaissait, émanant d'un homme à tout faire d'Epstein à Palm Beach, Juan Alessi, lequel travailla pour le milliardaire de 1991 à 2002, date où il fut renvoyé pour avoir chapardé argent et biens - ce qui peut jeter un peu de discrédit sur sa version des faits.
L'homme se souvient avoir vu le prince Andrew à de multiples reprises, et son épouse Sarah Ferguson une fois seulement, en marge de sa visite au centre équestre de Wellington. Selon lui, le prince, lors de ses vacances en Floride pour lesquelles il était accueilli dans la principale chambre de la maison ("la chambre bleue"), aurait eu droit à des massages quotidiens, pour lesquels il préparait la table. "Je crois qu'il ne s'agissait que de massages, le concernant", précise M. Alessi. Evoquant des photographies de jeunes personnes nues disséminées dans la propriété, et un panier de sextoys en possession d'Epstein et Ghislaine, il qualifie par ailleurs la villa d'auberge espagnole fréquentée par des célébrités.
Des confessions multiples sans doute loin de réjouir les personnalités politiques... Ça chauffe pour Andrew.