Comment tout a commencé ? "En toute honnêteté, la première fois, il s'agissait d'un accident", assure candidement Judith Rashleigh, héroïne du thriller choc Maestra. Impossible alors de déceler, derrière le visage crispé par les aléas du métro londonien et le tailleur Sandro en tweed noir épuisé, la maîtresse femme qu'elle a choisi d'être. Car la suite de son histoire est tout sauf un accident.
Experte en art, esprit brillant, amante brûlante, manipulatrice avec mention maestria, Judith est tout cela. Maestra. D'une certaine manière, elle est l'incarnation de ce procédé qu'elle admire, l'anamorphose : le jour, elle est l'assistante exploitée et méconsidérée d'un prestigieux hôtel des ventes à Londres ; le soir, elle devient Lauren au Gstaad Club, un bar à hôtesses voisin où sa beauté exceptionnelle ne tarde pas à lui faire jouer les premiers rôles. Sous le nom de L.S. Hilton, l'auteure anglaise Lisa Hilton fait d'elle l'incendiaire héroïne de l'intense thriller Maestra, premier volet d'une trilogie sulfureuse. Si intense qu'une adaptation pour le cinéma est déjà entre les mains de la productrice de Millenium et de la scénariste de La Fille du train.
Employée depuis trois ans à Londres chez British Pictures, maison de ventes qu'elle rêvait d'intégrer, Judith Rashleigh a une revanche à prendre sur la vie. Une mère alcoolo, des camarades d'école qui faisaient d'elle leur victime favorite... "Il y a tant à dire sur les personnes maltraitées pendant l'enfance. (...) On devient solitaire, isolé, mais aussi inflexible", dit-elle. Asociale mais sûre de sa force, elle joue la gentille fille, persuadée de pouvoir ainsi gravir l'échelle sociale grâce à ses mérites : elle parle plusieurs langues, contrefait à merveille l'accent d'Oxford, a un goût certain pour le luxe et lit le Financial Times. Tout en lorgnant la vie des rich and famous dans les magazines people...
Jusqu'au moment où, alors qu'elle est sur le point de percer à jour une énorme escroquerie à la fausse toile de maître, Judith se fait renvoyer. La colère, meilleure amie de ses douloureuses années de jeunesse, se rappelle alors à son souvenir. Exit la gentille fille, voilà la femme fatale : la "boniche" devient bombe... et va faire des ravages. La french riviera, Rome l'éternelle, Genève, Courchevel et Paris la Ville Lumière fourniront les décors, elle assurera l'action. Dans un tourbillon de désirs assouvis et de violence, dans une cascade de champagne, dans un déluge de marques couture, plus rien ne lui barrera la route. Incandescente, comme l'héroïne qu'elle s'est découverte à l'adolescence : la "maestra" du XVIIe siècle Artemisia Gentileschi, une jeune peintre qui a tiré de sa souffrance sa force. "Une autre jeune femme qui comprenait la haine"...
MAESTRA de LS HILTON, Éditions Pocket, paru le 18 mai 2017