Le monde d'Hollywood n'est pas une forêt enchantée. C'est même une jungle impitoyable où l'apparence des acteurs et actrices prend souvent le pas sur leur talent. Les lois du physique, les femmes en sont d'ailleurs les premières victimes, usant parfois de la chirurgie esthétique histoire de ralentir les effets du temps ou "d'embellir" leur allure pour espérer décrocher plus de rôles. Pourtant, certaines comédiennes réussissent à s'imposer malgré les diktats hollywoodiens, à l'image de Melissa McCarthy dont le talent explose dans Mes meilleures amies. Malheureusement, un journaliste s'est chargé de la rabaisser gratuitement, insultant son physique pour soi-disant critiquer son film.
Descendre un long-métrage dans les pages d'un journal n'a rien d'exceptionnel dans le monde de la critique. Les journalistes étant là pour donner leur avis sur le travail d'un cinéaste et de son équipe, ils sont souvent armés jusqu'aux dents pour analyser un film et prévenir les spectateurs de l'oeuvre qui les attend, mêlant à leur argumentation une bonne dose de subjectivité inévitable, même s'ils argumentent également et souvent avec précision.
Le cas de Melissa McCarthy et du film Arnaque à la carte (Identity Thief en V.O.) est bien différent. Le critique du New York Observer, Rex Reed, fait partie, comme beaucoup d'autres, de ceux qui n'ont pas du tout aimé la comédie de Seth Gordon. Sur le site de Rotten Tomatoes, le long-métrage écope d'ailleurs de seulement 26% de remarques positives dans la presse, c'est dire. Cependant, en plus de critiquer les défauts du film, le journaliste a copieusement insulté l'actrice principale, alias Melissa McCarthy. Drôle et géniale actrice, elle est aussi une femme dont le poids est loin des critères hollywoodiens. En trois paragraphes, Rex Reed s'attaque aux kilos de la comédienne à plusieurs reprises, la comparant à un tracteur et un hippopotame femelle. Violent, il résume la carrière de l'actrice à une "étude sur le fait d'être obèse et odieuse avec une réussite égale".
Ce n'est pas la première fois que Rex Reed s'attaque aux physiques des actrices, puisqu'il n'avait pas épargné le grain de beauté du menton de Sarah Jessica Parker, dans son papier sur le film Sex and the City : "Ce n'est pas une marque de beauté. C'est vrai qu'on ne peut rien dire au producteur, mais écoute, jeune fille, avec ça, tu ferais une sorcière d'Halloween parfaite."
Au final, le public n'aura pas tenu compte de l'aigreur de Rex Reed et Arnaque à la carte a pris la tête du box-office américain des nouveautés du week-end, avec des recettes de 36 millions de dollars, confirmant la popularité de Melissa McCarthy. Dans ce film, elle joue une voleuse d'identité qui dépense l'argent de sa victime sans compter. Le malheureux n'a qu'une semaine pour régler les dettes, et donc récupérer son identité, sinon son univers basculera définitivement. Il part donc à la recherche de la voleuse, et quand il lui met le grappin dessus, les choses tournent à la folie furieuse.
Et les excuses, dans tout ça ? Ce serait mal connaître l'auteur de ce papier peu glorieux. Indie Wire a rapporté la réaction de Rex Reed, qui invoque le droit constitutionnel d'être un salaud et qui assure que sa critique négative a même pu entraîner des spectateurs à avoir envie de voir un film aussi nul. Il s'explique avec des arguments qui laissent songeur : "Mon but était de critiquer le fait d'utiliser des problèmes de santé comme l'obésité à des fins comiques. Melissa McCarthy base sa carrière sur le fait d'être odieuse et obèse. Et je ne pense pas que ça soit drôle. J'ai trop d'amis qui sont morts de maladies liées à leur surpoids. J'ai aidé des gens qui voulaient perdre du poids, et je ne pense pas que ça soit un sujet drôle. J'ai parfaitement le droit de dire cela. Ma critique était plus sur le film et le personnage que joue McCarthy que sur l'actrice elle-même. Je me fiche de savoir combien elle pèse." Une tentative pathétique pour justifier ses attaques sur le physique, agrémentée d'une dose de sentimentalisme – ses amis en surpoids qui souffrent – que même les pires drames au cinéma n'utiliseraient pas.
Arnaque à la carte, en salles le 27 mars