Réactualisation : TF1 Droits audiovisuels, condamné à verser 32 millions de dollars pour ne pas avoir vendu Miracle à Santa-Anna du cinéaste américain Spike Lee à l'international, a trouvé un "terrain d'entente mutuellement satisfaisant avec le réalisateur" pour mettre un terme à leur différend, d'après un communiqué du groupe. Peu de détails sont ajoutés à cette déclaration, qui ne dit pas si TF1 renonce à faire appel à sa condamnation.
Le 6 juillet nous écrivions : Le groupe TF1 Audiovisuels a été condamné ce 6 juillet 2011 à verser près de 32 millions d'euros au réalisateur Spike Lee, représenté par la société On My Own. La raison du litige ? En octobre 2007, On My Own accorde via un "deal memo" à TF1 International (ancien nom du groupe TF1 Audiovisuels) le droit exclusif d'exploiter et de distribuer Miracle à Santa-Anna - dernier long métrage du réalisateur de Do the right thing et Malcom X - dans le monde entier, exception faite de l'Italie, des Etats-Unis et du Canada.
Pourtant, comme le rapporte en exclusivité l'AFP, la filiale de TF1 ne respecte pas ses obligations contractuelles et ne commercialise pas le film, qui ne connaît donc pas de destin international. Le litige commence alors et vient tout juste de connaître son dénouement, après quatre longues années.
Tout semble pourtant bien engagé, quand la société Own My Own cède le droit à TF1 D.A. d'exploiter le dernier film de Spike Lee dans le monde contre une avance de 11 millions de dollars en 2007. Mais un an plus tard, alors que le film arrive en phase finale, TF1 International choisit d'interrompre l'exploitation et la distribution du long métrage, estimant que la version qu'on lui propose n'est pas fidèle à ce qu'on lui a promis, se refusant même à verser les 11 millions de dollars dûs.
L'histoire se passe durant la Seconde Guerre mondiale, dans les montagnes toscanes, et suit une escouade exclusivement composée de soldats noirs américains encerclée dans un village italien. Rien qui semble choquant, donc. En 2009, excédé, c'est au tour de Spike Lee d'attaquer la filiale de TF1. Contre cette censure abusive, de nombreuses personnalités françaises se mobilisent pour attirer l'attention sur ce préjudice. Las, jusqu'en 2011...
Dans un jugement rendu le 21 juin 2011, le TGI de Paris a jugé que, dans cette affaire, TF1 D.A. avait "manqué à ses obligations contractuelles" et "ne pouvait valablement refuser la livraison du film". Entre préjudices moral et financier, TF1 D.A. a été condamnée à verser à On My Own, Spike Lee et BNP Paribas quelques 32 millions d'euros, dont un million d'euros à On My Own, un million et demi d'euros à Spike Lee, "privé du bénéfice de l'exploitation de son oeuvre sur des territoires majeurs (...) et (qui) voit sa réputation entachée", et 200 000 euros à James Mc Bride, auteur du livre éponyme qui a inspiré le film. Si le groupe de TF1 a fait appel, pas sûr que cela aboutisse. Le groupe TF1 doit également régler l'ardoise des 11 millions de dollars, assortie des intérêts, soit au total 13 millions de dollars (9 millions d'euros).
Certes, Miracle à Santa-Anna n'a pas fait un carton outre-Atlantique à l'époque (8 millions de dollars de recette), mais il est sûr qu'à l'international, ce film aurait pu connaître un succès plus significatif. Avec ce jugement, Spike Lee et les siens pourraient rétablir la situation...