Si, toute sa vie, Mireille Darc a dû se battre contre la maladie et a frôlé la mort à plusieurs reprises, elle a également traîné derrière elle un lourd passif, celui d'une enfance douloureuse, un véritable père qu'elle n'a pas connu, un beau-père qui a failli se suicider à cause d'elle et une mère incapable de prendre les devants.
C'est en 2015, assise sur Le Divan de Marc-Olivier Fogiel qu'elle raconte longuement cet épisode méconnu de sa vie. "J'étais un accident dans la vie de ma mère, tout le monde était en état de souffrance", avouait alors la regrettée Mireille Darc à Marc-O. Née d'un père qu'elle n'a pas connu, la fillette a dû grandir avec le regard pesant de deux parents, Gabrielle et Marcel. "Mon père ne pouvait pas me supporter puisque je représentais une infidélité, et ma mère ne pouvait pas m'aimer parce que c'était comme si elle aimait un autre homme à travers moi", avait-déclaré.
Puis elle a commencé à se poser des questions, à se demander si, finalement, son père était pas vraiment son père. "Parce que toute gosse il m'appelait 'la bâtarde'. Quand j'ai commencé à comprendre ce que c'était qu'une bâtarde, je me suis dit que je ne devais pas être la fille de mon père", se souvient-elle.
Et l'enfer continue pour la petite Mireille Aigroz. Son père non biologique reporte sur la petite une forme de haine et de profonde rancune, liée à la trahison de sa femme. Jusqu'à lui faire du chantage au suicide... "Il veut se pendre. Il veut se pendre à une poutre. Et il me dit : 'C'est à cause de toi.' Et moi, je dois avoir à peu près 6, 7 ans. Six ans. Et je le supplie de ne pas faire ça. (...) Je pleure, je crie, je lui demande pardon", se souvient Mireille Darc. C'est la danse, puis le théâtre, qui la sauveront de ce triste quotidien.
De ces épreuves, Mireille sortira grandie. "Les épreuves sont là pour nous faire grandir... Elles sont souvent à la limite de l'acceptable, mais on y arrive !", disait-elle avec philosophie. En 2008, elle décide de poser son histoire sur une feuille blanche. En sortira un livre en hommage à son véritable papa. Elle y narre sa rencontre avec une journaliste-médium, Patricia Darré, qui lui soutient que son père biologique s'appelait Edmond, qu'il aurait été marin sur le bateau Amiral-Charner et qu'il serait mort de fatigue liée à une fièvre en Indochine, durant la Seconde Guerre mondiale. "En été 2006, Patricia, une femme que je ne connaissais pas, m'a assuré être entrée en contact avec ma mère, décédée il y a treize ans. Elle avait un message pour moi : 'Ton vrai père était un marin.' Au début, je me suis dit c'est du délire, j'ai résisté, mais cela faisait un tel écho en moi", se remémore-t-elle dans Gala.
Par le biais de Patricia, elle peut échanger avec sa mère décédée et découvrir le secret qui a justifié sa naissance. "Elle tenait une épicerie en dehors de Toulon et, comme elle avait très peu de temps, elle se levait très tôt pour aller rejoindre l'homme qu'elle aimait, ce qui était possible car elle ne dormait plus avec son mari", raconte-t-elle. Mais elle ne lui en voudra pas : "Je n'en veux pas à ma mère de ne m'avoir rien dit car c'est une période où on ne parlait pas de ces choses-là." Il en va de même pour Marcel, dont elle dit comprendre "sa jalousie et sa peine". "Ma rancoeur à l'égard de cet homme qui a manqué de tendresse à mon égard, qui n'a pas été un bon père, a disparu", assure-t-elle dans une interview à L'Avenir.