"Ringards", "sexistes", "bavards"... Rarement France Télévisions et ses journalistes auront été autant malmenés que durant ces Jeux olympiques de Sotchi. Et quelques jours après la cérémonie de clôture, le Service public ne semble toujours pas tiré d'affaire. Critiqués pour des propos jugés graveleux et sexistes, Philippe Candeloro et Nelson Monfort vont ainsi faire l'objet d'un examen scrupuleux du CSA qui pourrait se traduire par d'éventuelles sanctions...
"On a été harcelés par les téléspectateurs"
Christine Kelly, l'un des gendarmes de l'audiovisuel, a ainsi annoncé il y a quelques jours avoir reçu de nombreuses plaintes de téléspectateurs à cause des commentaires entendus sur France Télévisions. "Beaucoup d'interpellations depuis plusieurs jours sur les commentaires aux JO sur FTV. Le CSA examinera ce dossier", a-t-elle précisé sur son compte Twitter.
Il faut dire que le nombre de plaintes a largement dépassé la moyenne. "On a été harcelés par les téléspectateurs, indique-t-elle au Parisien. D'habitude, sur ce genre de sujet, j'ai un ou deux messages. Là, j'en ai reçu plus de 200. Donc on va étudier la question", a-t-elle expliqué. Le duo Nelson Monfort-Philippe Candeloro doit-il s'inquiéter ? Christine Kelly n'a pas donné de précisions sur la nature d'éventuelles sanctions. "On prend le temps de l'examen", a-t-elle simplement ajouté.
"Je connais plus d'un anaconda qui aimerait venir l'embêter un peu"
Un examen durant lequel le CSA pourra se rendre compte que le duo, particulièrement visé par les plaintes, n'aime pas commenter les seules performances sportives des patineurs mais aussi leur physique. L'ex-patineur vu récemment dans Ice Show sur M6 a par exemple apprécié la plastique de l'Italienne Valentina Marchei. "Ah, elle a beaucoup de charme, Valentina, un petit peu comme Monica Bellucci. Peut-être un peu moins de poitrine, mais bon...", a-t-il lâché au micro.
La Canadienne Kaetlyn Osmond a aussi droit à un bien joli compliment de la part de Philippe Candeloro. "Moi, je connais plus d'un anaconda qui aimerait venir l'embêter un petit peu, cette jeune Cléopâtre canadienne...", avait-il osé, sans que son compère Nelson Monfort y trouve à redire, puisqu'il y allait lui aussi de ses petits commentaires sur le physique des patineuses.
Daniel Bilalian soutient le duo
Mais si Philippe Candeloro et Nelson Monfort se sont lâchés ainsi, c'est peut-être un peu plus haut dans les bureaux de France Télévisions qu'il faut regarder. Car le duo a un soutien de poids en la personne de Daniel Bilalian, leur chef du service des sports de France Télé. "Je ne m'inquiète pas de l'interrogation du CSA sur le fait que les commentateurs puissent exprimer leur enthousiasme à l'antenne tout en le faisant partager à des millions de téléspectateurs", a-t-il d'abord assuré à la lettre spécialisée Média+.
L'ex-présentateur du JT concède simplement que le duo a pu se laisser emporter par excès d'"enthousiasme". "Il serait anormal qu'à raison de 14 heures de retransmissions par jour, soit 200 heures de captations pendant plus de deux semaines, il ne puisse se glisser quelques formules audacieuses ou quelques superlatifs emportés par l'enthousiasme et le patriotisme propre aux JO", a-t-il jugé, avant de préciser que le médiateur du Service public n'avait pas reçu "davantage de réflexions positives ou négatives qu'à l'ordinaire" pendant les JO.
"On ne peut presque plus revendiquer qu'on est hétéros !"
Principalement visé durant ces JO, Philippe Candeloro s'est lui aussi défendu. Et toujours avec sa verve habituelle. "Si les gens sont coincés de la fesse, j'y peux rien ! Mais je n'ai pas eu le sentiment d'avoir été trop loin : je ne fais jamais du trash ni du graveleux", a-t-il lancé dans Le Parisien, mettant en avant le côté "décalé" complètement assumé de ses commentaires. "Si je dois dire des phrases toutes faites, validées par un avocat, est-ce que j'ai encore ma place à côté de Nelson ? Si je fais du classique, je ne servirai à rien. (...) Avec Nelson, on essaie de se marrer", a-t-il ajouté, avant d'être l'auteur de cette réflexion encore une fois très limite : "On ne peut presque plus revendiquer qu'on est hétéros !"
Patrick Montel fâché avec les anglicismes
Mais que Philippe Candeloro se rassure, il n'est pas le seul a en avoir pris pour son grade. Patrick Montel a notamment essuyé une multitude de critiques durant ces JO, entre ses gaffes en interview mais surtout une fameuse séquence dans le talk-show Un soir à Sotchi sur France 3. L'animateur connu pour ses envolées exaltées s'en était pris à deux de ses confrères, Christian Choupin et Mathieu Crépel, leur reprochant d'employer trop d'anglicismes dans leurs commentaires des épreuves acrobatiques de snowboard. "Je ne vois pas pourquoi on commente le surf des neiges avec une nomenclature uniquement britannique", leur avait-il lancé avant de leur demander de commenter une épreuve sans un seul mot anglais. Une attitude que certains de ses collègues avaient jugée "humiliante" et rétrograde voire ringarde.
Heureusement, si la couverture médiatique a fait couler beaucoup d'encre, le bilan sportif de ces JO de Sotchi est excellent pour la France avec 15 médailles remportées - notamment avec la belle performance de Mathieu Fourcade -, le record historique.