Après en avoir découvert des images du tournage, puis les teasers imprégnés de tradition, le suspense demeurait : lequel des deux clips de La Jument de Michao et de Mna na h-Eireann, extraits de son album à paraître le 6 décembre intitulé Bretonne, Nolwenn Leroy allait-elle révéler en premier ?
La réponse est sous vos yeux (vidéo ci-dessus) : si les premiers instants dévoilés nous livraient une Nolwenn d'alcôve, sublimée en beauté canonique et alanguie d'un ancien temps, la vidéo réalisée pour Mna na h'Eireann (Women of Ireland) ne reste pas pour autant confinée et suit la chanteuse de 28 ans au grand air, dans la grisaille esthétisée des littoraux atlantiques (le tournage a eu lieu sur les côtes bretonnes).
La quasi simultanéité de ces deux premiers titres issus de l'album intime et folklorique Bretonne donne une bonne idée du spectre et du répertoire de ce projet pensé comme une parenthèse riche en identité : des airs à la fois ancestraux et d'une popularité moderne. Une dimension bien indiquée, d'abord, par sa relecture de La Jument de Michao, véritable hymne inscrit au panthéon par l'interprétation de Tri Yann, que l'ex-staracadémienne dévoilait en live sur le plateau de Chabada.
De même, avec Mna na h'Eireann (Women of Ireland), Nolwenn Leroy s'approprie un classique du folklore irlandais : ce morceau, composé par Seán Ó Riada d'après un poème du XVIIIe siècle de Peadar Ó Dornín, fut initialement enregistré par Ceoltóirí Chualann en 1969. Mais c'est avec une reprise signée, 20 ans plus tard, du groupe anglais The Christians, sous le titre Words, que cet hymne à la gloire des femmes d'Irlande largement rattaché à "l'Irish rebel music" (la folk à tendance nationaliste) connut un succès phénoménal, dans les charts français notamment.
Un hommage puissant que Nolwenn revisite d'une manière superbement atmosphérique, bien aidée par les arrangements ciselés et l'instrumentation suprêmement authentique de Jon Kelly (Paul McCartney, Duffy, Melody Gardot), entouré de musiciens anglais, écossais et irlandais.
De quoi espérer de très belles choses pour les autres relectures présentes sur l'album Bretonne : autour d'un inédit unique écrit par deux artistes "maison", Miossec et le pianiste Didier Squiban (Je ne serai jamais ta Parisienne), on découvrira des reprises de Tri Martolod (Trois Marins, que Manau avait reprise pour signer le hit de l'année 1998 : La tribu de Dana), chantée en gaélique, la Suite Sud Armoricaine (Pardon Spezed), l'hymne Greensleeves, Le Bro Goz ma zadou, Les prisons de Nantes, Rentrer en Bretagne, Brest...
D'ailleurs, l'Agence Bretagne Presse, bien placée pour juger sur pièce cette Bretonne, ne tarit pas d'éloges : "Tous les morceaux traditionnels que Nolwenn a choisis pour " Bretonne " ont fait l'objet d'une transfusion grâce à une des plus belles voix bretonnes de tous les temps. Que ce soit en français, en breton ou même en gaélique où elle égale les plus grandes chanteuses irlandaises, Nolwenn dans Bretonne donnera à tous les Bretons et aux non Bretons des frissons dans le dos. Alan Stivell a de quoi être fier avec deux reprises de ses plus grands succès, la Suite sud armoricaine et Tri Martelod. D'ailleurs Nolwenn Leroy s'est mise au brezhoneg avec un prof de premier ordre, Serge Plénier, de la Mission bretonne. Elle entend bien continuer les cours. Si elle peut chanter le beau texte d'Anjela Duval "Karantez vro", personne n'en doutera."
G.J.