Qui aurait osé espérer, en 2010, en voyant la princesse Madeleine de Suède fuir littéralement son pays, détruite intimement et humiliée publiquement après la rupture de ses fiançailles avec l'infidèle Jonas Bergström, qu'elle rayonnerait d'un tel bonheur, seulement trois ans plus tard, magnifique dans une robe de mariée Valentino, couvée du regard par un époux visiblement dévoué ?
Christopher O'Neill ne parle certes pas suédois (pas encore, du moins), et a décliné l'opportunité de devenir prince et d'obtenir la nationalité de sa dulcinée ; mais lorsque, ce samedi 8 juin 2013, deux jours avant les 31 ans de Madeleine et deux semaines avant ses 39 ans, il lui a promis en anglais, répondant à la question fatidique posée par le chapelain royal Lars-Göran Lönnermark d'un "I will" assuré et passionné, qu'il prendrait soin d'elle, sa parole était d'or, son amour sincère évident. Puis ce fut à son tour à elle de se donner corps et âme à lui, d'un "ja" vibrant.
La princesse Madeleine de Suède et le financier britanno-américain, qui se sont rencontrés en 2011 à New York, se sont mariés samedi en la chapelle royale du palais à Stockholm, en présence de 500 invités, dont leur famille (même la petite princesse Estelle, 15 mois !) et des têtes couronnées de toute l'Europe.
L'émotion à son comble
Si le mariage de la fille cadette du roi Carl XVI Gustaf de Suède et de la reine Silvia ne devait pas être aussi grandiose et historique que celui de sa soeur la princesse héritière Victoria et du prince Daniel, célébré le 19 juin 2010, il n'en fut pas moins émouvant, loin de là. Et la ferveur populaire était palpable dès la veille au soir, lorsque, à l'occasion du dîner offert par le souverain au Grand Hotel à une partie des invités de la noce, les futurs mariés apparaissaient au balcon pour saluer une foule déjà nombreuse. Samedi, les déclarations d'amour fleurissaient dans les rangs des milliers de personnes massées aux abords du palais, alors que, peu après 14 heures, les invités commençaient à prendre place à l'église.
A 16 heures, la mariée, somptueuse dans une robe plutôt classique, en organza et dentelle de Chantilly, dessinée par Valentino et dotée d'une traîne de quatre mètres, faisait son entrée au bras de son père le roi, fier et appliqué comme on l'imagine. Elle a passé la nuit chez sa soeur, au palais Haga. Son chevalier servant, avec son témoin Cedric Notz, l'attendait, ébloui, les larmes au bord des yeux. On remarque alors qu'il porte les insignes (une croix d'or portant un médaillon azur et surmontée d'une couronne) de commandeur de l'Ordre royal de l'Étoile polaire, octroyés par le roi le 6 juin, distinction qui a la particularité de n'être décernée qu'à des personnes n'ayant pas la nationalité suédoise.
Des baisers...
Dans un décor floral de muguet, de pivoines roses ou encore de delphiniums blanc, censé évoquer l'été suédois et une promenade dans les pâturages, créé par le fleuriste de la cour Claes Carlsson assisté de 50 personnes pour la mise en place dans la nuit précédant le grand jour, la cérémonie a débuté au son d'une chanson d'amour interprétée par Marie Fredriksson, du groupe Roxette. Elle a été marquée par des lectures de la princesse Victoria de Suède, qui a bien failli être troublée par sa petite princesse Estelle, un peu dissipée dans les bras de son papa le prince Daniel, et de Natascha, l'une des cinq demi-soeurs de Chris O'Neill. Le chapelain royal Lars-Göran Lönnermark a ensuite recueilli les consentements, en anglais et en suédois tour à tour ; l'émotion gagnait les amoureux, entourés de leurs jeunes pages et demoiselles d'honneur, Louis et Chiara Abensperg und Traun, Jasper d'Abo, Lilie Von Horn, Chloé et Anaïs Sommerlath... Puis, à tour de rôle, Chris O'Neill et la princesse Madeleine ont échangé leurs voeux, se jurant d'après l'exemple de l'ecclésiastique amour et fidélité jusqu'à ce que la mort les sépare, le regard plongé l'un dans celui de l'autre. Exercice périlleux, ils se passent les alliances au doigt, fébriles et bouleversés. Moment touchant, après un bref blanc, Chris O'Neill se penche alors pour déposer un baiser sur la joue que la princesse Madeleine lui tend tandis que le chapelain les déclare mari et femme, dans une scène cocasse qui révèle la nervosité du couple (à voir dans notre player dans une vidéo Aftonbladet). Il n'y aura pas de vrai baiser dans l'église, mais les jeunes mariés se rattraperont en en sortant, quelques minutes plus tard, devant des spectateurs qui réclameront "kiss her, kiss her"...
Après d'autres instants de vive émotion, comme lorsque le chanteur Peter Jöback (qui s'était produit au concert du mariage de la princesse Victoria) interpréta un titre évoquant un coup de foudre qui sembla chambouler un peu plus le couple, Madeleine et Chris redescendaient l'allée vers la sortie, souriant allègrement à leurs invités : au premier rang, la famille royale, avec Estelle dans sa petite robe rose et la reine Silvia en robe vert jade, la famille du marié, avec une Eva O'Neill visiblement aux anges, les royaux, à l'instar de Frederik et Mary de Danemark, Charlene de Monaco ou encore Pavlos et Marie-Chantal de Grèce, les personnalités politiques, comme le Premier ministre Fredrik Reinfeldt ou la jeune présidente du parti centriste Annie Lööf. Et les amis, à l'instar de Louise Gottlieb, BFF de la princesse Madeleine, Lovisa de Geer et son compagnon Niklas Bolle, Emma Pernald, ex du prince Carl Philip dont elle est également très proche... Apparemment, tout le monde ou presque était là, malgré une panique de dernière minute au Grand Hotel, où nombre d'invités se trouvaient encore à quelques minutes du mariage malgré les autobus municipaux affrêtés spécialement.
Versant quelques larmes durant cette traversée de la nef, la princesse Madeleine et Chris O'Neill apparaissent au grand jour comme mari et femme, devant une foule de centaines de personnes qui applaudissent et brandissent le drapeau national - et des appareils photo. Là, enfin, le couple s'embrasse passionnément, à plusieurs reprises, semble s'enivrer de ces instants d'euphorie tandis qu'une salve de 21 coups de canon tirée à Skeppsholmen salue leur union.
Chevaux, bateaux, maestro...
La météo étant clémente, c'est en calèche royale dite "à la d'Aumont" que les jeunes mariés quittent à 17h50 la cour intérieure du palais par la porte sud pour une brève procession qui les amène aux terrasses d'Evert Taubes, sur l'îlot Riddarholmen, où les attend ainsi que leurs invités un bateau à destination de Drottningholm, résidence de la famille royale qui accueille dans ses jardins, sous un chapiteau, la réception. Madeleine et Chris ont emprunté une calèche fameuse, sortie en 1900 des ateliers de la société L.V. Nylunds et déjà utilisée pour la plupart des mariages royaux précédents. Les 400 convives de marque de la soirée sont, eux, acheminés à bord des bus bleus de la capitale, sur l'écran desquels on peut voir affiché "royal wedding". Service spécial. Sur Riddarholmen, les jeunes mariés ainsi que leurs invités d'honneur embarquent à bord du SS Stockholm, tandis que les autres passagers empruntent le MS Gustafsberg VII et le MS Waxholm III.
Stefano Catenacci, chef du restaurant OperaKällaren qui est un des repaires favoris de Madeleine et ses amis à Stockholm, s'est vu confier la préparation du banquet, lui qui avait donné entière satisfaction lors du mariage de la princesse Victoria. Le bar ouvrait à 18h30, le bal à 23h. La nuit appartient à la princesse Madeleine et à Chris O'Neill. Vive les mariés !
G.J.