Le mois dernier, en octobre 2010, Alain Vircondelet, docteur en histoire de l'art et spécialiste avéré de Séraphine Louis, a accusé de plagiat le scénario de Martin Provost et la société TS Productions (qui a financé le long métrage).
L'historien avait effectivement soutenu une thèse de doctorat consacrée à Séraphine Louis au milieu des années 80 et avait publié, en 1986, une biographie intitulée Séraphine de Senlis, aux Editions Albin Michel.
M. Vircondelet et son éditeur avançaient lors de leur plaidoierie le mois dernier, preuves à l'appui, que de nombreux passages du long métrage étaient "la reproduction servile" d'extraits de Séraphine de Senlis. Pour sa part, TS Productions, via son avocat, contestait "expressément l'existence d'une contrefaçon", prétextant que les passages litigieux trouvaient leur origine "dans des ouvrages antérieurs, notamment ceux de Jean-Pierre Foucher (1968) et Wilhelm Uhde (1949), le pygmalion de Séraphine." Cependant, de nombreuses phrases étaient présentes à l'identique dans le livre d'Alain Vircondelet et dans le scénario de Martin Provost. Dans ces conditions, Alain Vircondelet et son éditeur avaient attaqué en justice Martin Provost et la société de production du film. Ils réclamaient 600 000 euros de dommages et intérêts et demandaient que l'exploitation du film soit interdite aussi bien en France qu'à l'étranger.
Aujourd'hui, vendredi 26 novembre 2010, la sentence est tombée. Le tribunal de grande instance de Paris a en effet relevé, selon l'AFP, "neuf cas précis pour lesquels, outre la reprise d'éléments biographiques inventés par M. Vircondelet, on note une similitude dans la formulation employée, parfois au mot près, ce qui permet d'exclure la simple réminiscence derrière laquelle se retranchent les défendeurs."
"En reproduisant neuf passages de cette oeuvre dans la première version du scénario du film Séraphine sans autorisation préalable, la société TS Productions et M. Martin Provost ont commis des actes de contrefaçon."
La justice les a donc condamnés solidairement à payer 25 000 euros à M. Vircondelet "en réparation de l'atteinte portée à son droit moral d'auteur", ainsi que 25 000 euros à l'éditeur Albin Michel "en réparation de l'atteinte à ses droits patrimoniaux".
Ils devront en plus verser la somme de 6 000 euros à l'auteur et autant à son éditeur au titre des frais de justice. Le tribunal de grande instance de Paris a également ordonné la publication du jugement dans trois journaux ou magazines du choix des demandeurs dans la limite de 3 500 euros par insertion, aux frais des producteurs et scénariste.
En revanche, le tribunal a rejeté l'interdiction du film demandée par le plaignant, car "seule une version du scénario est contrefaisante et non le film."
Adam Ikx