Les traversées du désert n'en sont pas toujours... Disparue au milieu des années 1990 au faîte même de son triomphe auprès de la critique et du public, Rachel des Bois s'était-elle perdue au plus profond de l'incertaine forêt du show-business ? En réalité, l'audacieuse chanteuse et fantas(ti)que bête de scène s'est plutôt trouvée, osant "une révolution inattendue : elle devient heureuse – heureuse en amour, heureuse en mère".
Riche de ce voyage initiatique et de ce regain de féminité, elle qui fit sensation avec les chansons amoureuses diablement fougueuses et houleuses (Moi les garçons, Ça tue l'amour, Tidam, etc.) extraites de ses deux premiers albums, Au coeur des foyers (1993 - Barclay/Universal) et Tidam (1997 - id.), la voilà qui sort à nouveau du bois après pas loin de 15 années d'absence : en janvier prochain (et dès le 1er novembre en digital) paraîtra Un peu plus à l'Ouest, nouvel album de celle qui fut désignée avec ferveur Révélation des Victoires de la Musique en 1995 et couronnée de prix aussi prestigieux que, entre autres, les Grands Prix de l'Académie Charles-Cros et de la Ville de Paris ou encore le Choc du Monde de la Musique.
Sorry my love, premier extrait de Un peu plus à l'Ouest que nous vous proposons de découvrir ci-dessus (assorti d'un brin de revival avec le clip de Ça tue l'amour), fait renaître, marivaudant avec une guitare électrique impertinente, la voix aguicheuse mais indomptable - en témoigne ce postulat anti-mièvrerie : "Le romantisme, je déteste ça. C'est une valeur qui m'horripile, une valeur morbide contre laquelle je lutte" - de Rachel des Bois.
Une voix "plus blues et des guitares plus rock – un peu plus à l'Ouest, donc -" pour cet album que cette ancienne du cirque équestre Zingaro a composé et travaillé avec son complice de longue date Kris Sanchez, ex-punk qui fut le guitariste du Cri de la Mouche, d'Ultra Orange ou de Tomahawk.
Du côté de Roy Music, qui produit ce disque, on annonce, de la part de ce tandem, "un rock simple et efficace [qui] nous emmène à la frontière sauvage. Mais leur voyage s'est arrêté avant les clichés texans et l'illusion French rock : Rachel des Bois réussit un tour de poker quelque part entre les bars de Pigalle et une Nouvelle Orléans sublimement décatie où l'on aurait rêvé des souvenirs de la chanson française sur des guitares électriques." Gilles Martin (Indochine, Venus, Miossec, Dominique A, Claire Diterzi, DeUS...) l'a également aidée à installer sa dimension couleurs mi-New York mi-place Blanche.
Et lorsque Rachel des Bois assène qu'elle "aime que la chanson soit le relevé de température de l'époque", cela se vérifie au pied de la lettre dans ses dix nouvelles chansons, guidées par l'âme intransigeante de sa plume : "Avant, la galipette avait plus d'importance que la vérité de chaque chanson. Ici, j'ai coupé des jeux de mots qui me plaisaient mais qui ne servaient pas le " message ". Le seul moment où je prends le temps de réfléchir, c'est pour écrire des chansons. J'y mets plus de sagesse que dans ma vraie vie." Elle a vu le loup, la Rachel des Bois.
Et pour se livrer en offrande à l'aiguillon de cette "messagère" de retour, rendez-vous le 15 novembre 2010 pour un concert au Café de la Danse, à Paris.
G.J.