Qu'a-t-il donc bien pu se passer entre le dernier post Instagram inspirant de Sunny Garcia (Vincent Sennen Garcia, de son vrai nom) et la nouvelle inquiétante, quelques heures plus tard, de son admission en soins intensifs dans un hôpital américain, sans autre précision ? Personnalité haute en couleur du surf mondial, le surfeur hawaïen de 49 ans, champion du monde en 2000 et sextuple vainqueur de la Triple Crown of Surfing (la dernière fois, en 2004) qui couronne le meilleur compétiteur de la saison lors des trois ultimes épreuves à Hawaï, semble se trouver dans une situation préoccupante, à en juger d'après le communiqué sibyllin de la World Surf League.
"Le coeur lourd, nous confirmons que Sunny Garcia est actuellement en soins intensifs à l'hôpital [à Portland, en Oregon, NDLR]. Sunny a toujours été un grand champion du surf, aussi bien dans l'eau qu'en dehors. Nos prières l'accompagnent ainsi que ses proches dans ces moments profondément éprouvants", a indiqué la fédération internationale sur Twitter le 30 avril 2019.
"Révéré dans le monde du surf pour sa présence dans l'eau et en dehors", souligne encore la Ligue sur son site Internet, Sunny Garcia avait fait ses débuts chez les professionnels en 1986 à Sandy Beach, se payant le luxe de battre alors le champion du monde 1984 Tom Carroll, et s'était installé dans le top 10 mondial tout au long des années 1990 avant, enfin, de décrocher son seul titre mondial en 2000. Le site du quotidien L'Equipe observe que Sunny avait aussi sa part d'ombre, connu pour son tempérament bagarreur et pour des problèmes chroniques de dépression, qu'il avait évoqués en 2014. Il les abordait régulièrement sur son compte Instagram, en toute transparence, et avec les hauts (vraiment hauts) et les bas (vraiment bas) que les personnes en proie à la dépression connaissent.
"Voilà comment je me sens, là tout de suite ! La vie est ce que vous en faites et même si je souffre de dépression et d'anxiété, je savoure les moments où je ne souffre pas", écrivait-il positivement le 18 février dernier, avec les hashtags "fuckdepression" et "fuckanxiety", en marge d'une photo le montrant tout sourire. Dix jours plus tard : "La dépression et l'anxiété sont deux choses qui sont devenues habituelles dans ma vie dernièrement et, tandis que j'essaye de passer ma journée en affrontant les deux, je ne peux pas m'empêcher de penser à vous tous qui subissez ces atroces sentiments qu'elles causent", relatait-il en racontant un épisode passé où il avait l'impression d'être étouffé par une chape de plomb. Ou encore, plus récemment, le 20 mars : "Peu importe le type de maladie mentale dont vous êtes atteint, nous souffrons tous en silence et l'affrontons du mieux que nous pouvons, et la plupart des gens qui n'en souffrent pas ne peuvent pas comprendre la douleur et la frustration qui vont de pair :( J'ai une vie magnifique, je suis entouré de gens aimants qui prennent soin de moi et je voyage dans des endroits magnifiques pour surfer mais je peux vous dire que lorsque je sombre, plus rien de tout cela n'importe. Dans ces moments-là, j'ai l'impression que rien ni personne ne peut m'aider (...)", développait-il pour inciter les autres victimes de dépression à ne pas rester seules avec leur mal-être et à en parler pour trouver du soutien.
Sous cet éclairage, sa dernière publication Instagram en date, quelques heures avant l'annonce de son hospitalisation, peut être sujette à une lecture ambivalente : "Si je disais à ce gamin par quoi il va passer et les choses qu'il va accomplir, il me dirait que je suis fou lol Ouah, ça a été un truc de dingue depuis l'époque de cette photo", écrivait-il en partageant une image issue de son adolescence. Pourvu que ce n'ait été que de la nostalgie...