La suite après la publicité
"Si c'était à refaire, je ne le referais pas..." Vikash Dhorasoo, l'une des figures fortes du football français, fait partie de ces déçus du foot-business, une mâchine qui vous broie et vous déconnecte de la réalité et de ceux qui vous sont chers.
Invité sur le plateau d'On n'est pas couché - en compagnie de Jean-Michel Larqué qui vient de publier Lettre à Thierry (Editions du Toucan) - samedi 17 mai sur France 2, l'ex-international français, aujourd'hui retraité des rectangles verts, a livré une analyse tout à fait intéressante sur l'envers du décor du football professionnel...
"Un footballeur, c'est un petit gars qu'on a sorti de son milieu familial souvent très tôt. C'est vraiment ça. On le délocalise, on fait tout pour qu'il soit descolarisé, qu'il soit mobile, qu'il n'ait pas d'attaches, qu'il serve le capitalisme... Et on lui demande un jour de représenter la France ! (...) Y'a vraiment un truc qui ne fonctionne pas !", s'indigne celui qui a connu cette industrie de l'intérieur.
Le sport a-t-il perdu son identité et son but premier, celui de fédérer les hommes au-delà des convictions, des origines, des religions ? Vikash répondrait par l'affirmative à cette question, estimant que la connexion entre football amateur et football professionnel est aujourd'hui inexistante. "Moi, j'ai été footballeur, j'ai vécu des choses exceptionnelles. Mais si c'était à refaire, je ne le referais pas parce que j'ai pris très peu de plaisir. J'ai joué blessé, parfois on m'a mis sur le banc ou en tribunes, on ne m'a pas fait jouer...", déplore Vikash Dhorasoo, fondateur de l'association Tatane, mouvement collectif et populaire qui oeuvre pour un football durable et joyeux.
Une ascension sociale superficielle ?
Son principal regret : avoir été formaté et programmé pour jouer au football et rien d'autre. "Aujourd'hui, j'ai 35 ans et je ne sais rien faire d'autre que jouer au foot. Et puis, ça s'arrête très tôt. Du coup, j'ai plein d'argent mais je ne sais pas quoi faire. Moi, je dis aux parents : 'Ne faites pas ça !'", poursuit-il.
Pour Vikash Dhorasoo, qui n'en est pas à sa première diatribe sur le sujet, si le football est la promesse d'une promotion sociale, elle ne l'est qu'à travers la notion pécuniaire : "L'ascension sociale n'existe que par l'argent et par le fait qu'on passe à la télé. Mais finalement l'ascenseur social peut passer par d'autres choses. Moi, je n'ai pas ouvert un livre avant mes 20 ans." Il laisse ainsi entendre que l'industrie du foot maintient ses recrues dans une pauvreté intellectuelle afin d'en faire des pions plus facilement manipulables et flexibles. En ce sens, il insiste : "La curiosité des footballeurs n'est pas développée, c'est ça qui ne va pas. On ne nous rend pas curieux parce qu'on n'a pas intérêt à nous rendre curieux ! On n'est plus des footballeurs après", conclut-il.
Un constat dramatique que Jean-Michel Larqué ne peut qu'appuyer, conscient des ravages du foot-business sur les recrues...
Joachim Ohnona
Invité sur le plateau d'On n'est pas couché - en compagnie de Jean-Michel Larqué qui vient de publier Lettre à Thierry (Editions du Toucan) - samedi 17 mai sur France 2, l'ex-international français, aujourd'hui retraité des rectangles verts, a livré une analyse tout à fait intéressante sur l'envers du décor du football professionnel...
"Un footballeur, c'est un petit gars qu'on a sorti de son milieu familial souvent très tôt. C'est vraiment ça. On le délocalise, on fait tout pour qu'il soit descolarisé, qu'il soit mobile, qu'il n'ait pas d'attaches, qu'il serve le capitalisme... Et on lui demande un jour de représenter la France ! (...) Y'a vraiment un truc qui ne fonctionne pas !", s'indigne celui qui a connu cette industrie de l'intérieur.
Le sport a-t-il perdu son identité et son but premier, celui de fédérer les hommes au-delà des convictions, des origines, des religions ? Vikash répondrait par l'affirmative à cette question, estimant que la connexion entre football amateur et football professionnel est aujourd'hui inexistante. "Moi, j'ai été footballeur, j'ai vécu des choses exceptionnelles. Mais si c'était à refaire, je ne le referais pas parce que j'ai pris très peu de plaisir. J'ai joué blessé, parfois on m'a mis sur le banc ou en tribunes, on ne m'a pas fait jouer...", déplore Vikash Dhorasoo, fondateur de l'association Tatane, mouvement collectif et populaire qui oeuvre pour un football durable et joyeux.
Une ascension sociale superficielle ?
Son principal regret : avoir été formaté et programmé pour jouer au football et rien d'autre. "Aujourd'hui, j'ai 35 ans et je ne sais rien faire d'autre que jouer au foot. Et puis, ça s'arrête très tôt. Du coup, j'ai plein d'argent mais je ne sais pas quoi faire. Moi, je dis aux parents : 'Ne faites pas ça !'", poursuit-il.
Pour Vikash Dhorasoo, qui n'en est pas à sa première diatribe sur le sujet, si le football est la promesse d'une promotion sociale, elle ne l'est qu'à travers la notion pécuniaire : "L'ascension sociale n'existe que par l'argent et par le fait qu'on passe à la télé. Mais finalement l'ascenseur social peut passer par d'autres choses. Moi, je n'ai pas ouvert un livre avant mes 20 ans." Il laisse ainsi entendre que l'industrie du foot maintient ses recrues dans une pauvreté intellectuelle afin d'en faire des pions plus facilement manipulables et flexibles. En ce sens, il insiste : "La curiosité des footballeurs n'est pas développée, c'est ça qui ne va pas. On ne nous rend pas curieux parce qu'on n'a pas intérêt à nous rendre curieux ! On n'est plus des footballeurs après", conclut-il.
Un constat dramatique que Jean-Michel Larqué ne peut qu'appuyer, conscient des ravages du foot-business sur les recrues...
Joachim Ohnona