Booba

C'est un 9 décembre 1976 à Boulogne-Billancourt (Haut-de-Seine) que nait Elie Yaffa alias Booba. Celui qui est aujourd'hui reconnu pour être un rappeur bling-bling à l'égo imposant et au verbe acerbe, a déjà une petite carrière derrière lui à 32 ans.
Initialement membre du groupe de rap Lunatic, Booba et son ami Daddy Ali sortent dès 1995 leur premier album Sortis de l'ombre... dont les disquaires ne verront jamais la couleur. En effet, en raison d'un différend artistique avec le producteur, Zoxea (membre du groupe Les Sages poètes de la Rue), l'opus ne sortira pas dans les bacs. Un petit litige au sein du collectif 92I (ensemble de rappeurs du département 92), qui perdure encore plus ou moins aujourd'hui. Mais l'avortement commercial de ce premier bébé de Lunatic n'est que partie remise, puisqu'un an plus tard, en 1996, le groupe se fait remarquer avec le single Le crime paie, sur une compilation de hip-hop. Déjà, une réputation sulfureuse accompagne le groupe en raison des propos crus et virulents contenus dans leurs titres. Mais c'est sûrement ce souffre qui parvient à les faire émerger parmi la pléthore de groupes de rap français : ainsi en 2000, leur deuxième album, Mauvais Œil, est disque d'or.
Préférant voler de ses propres ailes, Booba le maître du verbe, se lance dans une carrière solo, plutôt fructueuse, avec son premier album solo Temps Morts (2001) qui sera également disque d'or, et Pantheon, deux ans plus tard. Dès lors, le bad boy vantant les mérites d'une rue violente se transforme en chef d'entreprise : en 2004 il crée son propre label de musique Tallac Records, qui prendra en charge les prochains opus de l'artiste. Une réussite manifeste dont le jeune homme chante ou plutôt rappe les louanges, sans modestie. Ce personnage présomptueux, prônant une image sombre de la rue, les armes, la violence, les drogues, les filles et l'argent facile agace la concurrence dans le milieu du rap. Raison pour laquelle, Booba se fait de nombreux ennemis, qu'il provoque volontiers à chaque occasion. De NTM à IAM (figures emblématiques du rap hexagonal) en passant par Sinik, MC Solaar ou MC jean Gab'1, tous se montrent virulents envers Booba.
Si Akhenaton du groupe IAM choisit d'ignorer ses provocations faciles, d'autres n'hésitent pas à user de n'importe quel espace d'expression pour souligner leur aversion pour ce personnage et ce qu'il représente. Sinik a ainsi enregistré un morceau pour répondre à Booba et JoeyStarr, icône du rap, provoque son rival en interviews et même sur scène, pendant les concerts.
Ses détracteurs l'allument et Booba s'en réjouit, bénéficiant ainsi d'une publicité toujours bonne à prendre. En 2003, son sens de la rhétorique et son art de la sémantique lui confère même le statut de "démon des images" dans un article dithyrambique de La Nouvelle Revue française : pas de doute, fanfaron, mais doué le garçon. Son talent reconnu n'excuse pas pour autant l'image qu'il se construit et qui déplaît aux puristes du hip-hop français.
Il se murmure même que ses démêlés judiciaires (notamment la tentative de rapt de sa mère) seraient volontairement exacerbés dans le seul but de faire de l'esbroufe et étoffer ainsi son personnage de Bad boy. Info ou intox ? Nul ne le sait, mais son comportement violent lors du dernier concert Urban Peace (en octobre 2008) n'a pas vraiment redoré son blason : accueilli par des projectiles venant du public, le rappeur a rétorqué en lançant à son tour sa bouteille en verre, son accessoire de scène. Une attitude qui a fait polémique... mais qui était synchrone avec la promotion pour son nouvel album 0,9. Là encore, Booba essaye de faire parler de lui : il déclare volontiers dans diverses interviews que cette appellation n'est pas innocente, puisqu'elle est relative au degré de pureté maximum de la cocaïne. Une mise en parallèle avec la pureté de sa musique, selon lui...
Idolâtrant le hip-hop américain et l'univers associé, Booba serait devenu ami avec le rappeur producteur du moment Akon et avec le basketteur-apprenti rappeur, Tony Parker. Mais sur la pochette de son dernier opus, c'est surtout une ressemblance frappante avec 50 cent qui est notable.
Celui qui se surnomme dans sa biographie officielle comme "indétrônable météore du rap français", "étalon auquel le rap français tente désormais de se mesurer sans jamais l'atteindre" ou encore "virtuose du fond comme de la forme" perdure dans l'egotrip bling-bling et semble s'en satisfaire. Ce comportement va-t-il servir la vente de son dernier album ?

Discographie Solo :
2008 : 0,9
2007 : Autopsie volume 2 (mixtape)
2006 : Ouest Side
2005 : Autopsie volume 1 (mixtape)
2003 : Panthéon
2001 : Temps Morts

Discographie - Lunatic :
2006 : Black Album
2000 : Mauvais Œil
1996 : Le crime paie (single) sur la compilation Hostile Hip-Hop
1995 : Sortis de l'ombre (jamais sorti)