Isabella Rossellini en interview, c'est la promesse d'une conversation passionnante, mêlant réflexion sur le Septième Art, souvenirs d'une enfant d'icônes du cinéma et une passion pour la vie, tout simplement. A l'affiche de la comédie Trois fois 20 ans de Julie Gavras, elle se livre dans les pages de L'Express Styles.
La force et la détermination de la comédienne lui viennent de ses parents, le réalisateur Roberto Rossellini et l'actrice Ingrid Bergman. Elle confie alors comment sa mère a pris contact avec le cinéaste, futur père d'Isabella : "En 1949, elle a écrit une lettre à mon père : 'Si vous avez un rôle pour une actrice suédoise qui parle l'anglais, bredouille un français à peu près compréhensible et qui, en italien, ne sait que dire ti amo, je suis prête à tourner pour vous.' Un an plus tard, elle était sur le tournage de Stromboli, dans les bras de mon père."
Un début d'un romantisme absolu, mais cet amour lui a coûté cher selon les mots d'Isabella Rossellini : "Elle a été mise au ban d'Hollywood, traitée de pute, et le Sénat américain lui a interdit l'accès au territoire des Etats-Unis pendant huit ans, la privant ainsi de voir sa fille Pia [née de l'union entre Ingrid Bergman et le neurochirurgien Petter Lindström] ! Pourtant, elle a continué à soutenir le cinéma de mon père, très critiqué et totalement incompris à l'époque."
Isabella Rossellini se souvient aussi de la force de caractère de son père : "Je suis attirée par les personnalités fortes, comme celle de mon père. [...] Papa était un Italien à l'ancienne : il a failli mourir quand j'ai eu mon premier boyfriend à 16 ans !" Son parcours sentimental de femme a été marquée par un mariage avec Martin Scorsese (de 1979 à 1982), puis avec Jon Wiedemann (1983–1986), père de sa fille désormais mannequin, Elettra Rossellini Widemann. Ensuite, elle a fréquenté David Lynch, Gary Oldman (avec qui elle a adopté un enfant, Roberto, 18 ans) et Gregory Mosher.
L'entretien nous emmène dans le monde mythique du cinéma, quand la comédienne se souvient des tournages de ses parents et de ses rencontres avec les grands noms du milieu : "Vittorio de Sica était comme mon oncle... et Anna Magnani ! Elle, c'était une terreur pour moi, parce qu'elle était très forte et que maman lui avait volé papa. Je me disais qu'elle allait me tuer, mais elle était en réalité très gentille."
Avec une passion qui se lit facilement entre les lignes, elle parle de son enfance pas comme les autres, qu'elle décrit comme un roman surréaliste : "Je suis née à Rome, et quand mes parents ont divorcé - j'avais 4 ans -, je suis allée vivre à Paris, à l'hôtel Raphael, avec ma mère. Puis maman a pris une maison près de Versailles.... Mon père a voulu que nous rentrions en Italie où, entre-temps, il s'était remarié avec une scénariste indienne... J'avais 8 ans. J'habitais avec mon frère aîné Roberto et ma soeur jumelle, Ingrid, dans une maison avec une nounou. Nos parents venaient nous voir à tour de rôle."
Effectivement, le schéma familial n'est pas classique. En ce qui concerne sa vie amoureuse, Isabella Rossellini affirme sa sérénitude née dans l'indépendance : "Je dis toujours que je suis la meilleure des femmes divorcées ! J'entretiens d'excellentes relations avec mes ex-maris : quand j'écris à Martin [Scorsese], je termine toujours par 'Your very faithful divorced wife' (Ta très fidèle ex-femme). David [Lynch], lui, est un peu fâché, parce que je ne m'intéresse pas du tout à sa passion, la méditation transcendantale." Elle avait d'ailleurs relaté sa rupture douloureuse avec le réalisateur de Blue Velvet dans l'hebdomadaire allemand Die Zeit.
Personnalité charismatique dont la beauté est égale au talent, Isabella Rossellini est une force de la nature réjouissante !
Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans le supplément Styles de L'Express du 6 juillet.