Adriano Celentano : Diabolique, le mythe italien fait scandale à San Remo

A 74 ans et après plus de 50 ans d'une carrière multifacette à succès, Adriano Celentano est toujours vert. Un peu trop, même. Le chanteur, acteur, réalisateur et animateur italien, icône musicale majeure de la Botte depuis l'après-guerre (lorsqu'il introduisit en Italie le rock and roll), est un habitué du Festival de San Remo. 51 ans après y avoir fait scandale pour sa première participation, tournant initialement le dos au public pour interpréter Ventiquattromila baci en duo avec son ami Little Tony, l'interprète de La coppia piu' bella del mondo, Azzurro et Prisencolinensinainciusol continue à alimenter sa légende sulfureuse.

Bien connu pour son mysticisme, ses opinions radicales et ses régulières et copieuses harangues moralisatrices (sur le monde moderne, la politique, l'environnement), Il Mollegiato ("l'homme monté sur ressorts"), comme on le surnomme au regard de sa manière de gigoter sur scène, a dynamité le rendez-vous 2012 de la chanson italienne dès la soirée d'inauguration, mardi 14 février. Dans un déluge de sirènes hurlantes et d'images de bombardements, comme le rapporte l'AFP, l'Urlatore ("le hurleur") a profité des transitions d'une heure entre les chansons de son concert pour fustiger la situation actuelle, dénonçant aussi bien l'indifférence face au chômeurs et les "énormes sacrifices imposés par Merkel et Sarkozy" à la Grèce que le gouvernement de Mario Monti, "matériau résistant et en apparence indépendant". Mais celle de ses diatribes qui a le plus choqué et fait réagir a été celle tournée contre l'Eglise italienne : "Des publications comme Avvenire [journal des évêques italiens, NDLR] et Famiglia Cristiana [revue considérée comme progressiste, NDLR] devraient être fermées", a-t-il purement et simplement estimé à propos des deux principaux journaux catholiques du pays, les taxant d'hypocrisie et les accusant de ne s'occuper que de "querelles politiques, pas de Dieu et du paradis." Le tout devant 16 millions de téléspectateurs italiens branchés sur la Rai Uno, et d'autres millions encore à travers le monde.

"Divagations lors d'une sorte de sermon" pour TV2000, "activiste de l'hypocrisie" pour Famiglia Cristiana, le Mythe ("il Mito") milanais, coutumier des tirades enflammées, s'est ainsi attiré les foudres de l'Eglise, qui a exigé des excuses. La Sir, agence des hebdomadaires catholiques qui dépend de la Conférence épiscopale italienne (Cei), a stigmatisé "l'ignorance de qui prend le micro" et demandé, "après des mots insensés, des paroles plus pesées et des excuses", voyant dans les propos tenus "la preuve du vide qui existe en lui, d'un manque de connaissance de ce que font les publications catholiques pour l'amélioration humaine, culturelle et spirituelle de toute la société" et du "rôle laïc des médias catholiques" en Italie.

Le directeur de la Rai Uno, qui diffuse le Festival de San Remo, a condamné qu'Adriano Celentano ait demandé la fermeture des journaux en question, mais, réaffirmant la liberté de ton accordée par la chaîne et le festival au Mollegiato, s'est dit "surpris d'autant de surprise", attendu que le goût de la provocation de Celentano est notoire.

Adriano Celentano en querelle publique avec l'Eglise ? Voilà qui n'est pas sans nous rappeler que Rosalinda Celentano, benjamine des trois enfants que lui a donnés son épouse Claudia Mori, s'est illustrée dans le film très controversé La Passion du Christ de Mel Gibson : elle y tenait le rôle de... Satan.