Le drame du député britannique David Amess s'est déroulé le 15 octobre 2021 lors d'une permanence parlementaire dans une église méthodiste à Leigh-on-Sea, à environ 60 km à l'est de Londres : l'homme politique conservateur de 69 ans, papa de cinq enfants, a été poignardé à mort par plusieurs coups de couteau. Un homme de 25 ans, un ressortissant britannique d'origine somalienne nommé Ali Harbi Ali selon la BBC, a été arrêté sur les lieux du drame précise l'AFP. La photo de son visage vient d'être publiée sur le Daily Mail. John Lamb, un conseiller conservateur local, a raconté à des médias britanniques que le jeune homme avait attendu patiemment son tour avant de se jeter sur le député et de le poignarder à plusieurs reprises devant deux assistantes du parlementaire. Face à cette tragédie, sa famille s'est exprimée et appelle à l'apaisement.
"Nous essayons de comprendre pourquoi cette chose horrible s'est produite. Personne ne devrait mourir de cette façon. Personne", a déclaré la famille de la victime, dans un communiqué transmis par la police dimanche. Décrivant David Amess comme un "homme de paix", sa famille a demandé "aux gens de mettre de côté leurs différences et de faire preuve de gentillesse et d'amour envers tous. C'est la seule voie à suivre. Mettez de côté la haine et travaillez à l'unité". Le père d'Ali Harbi Ali, Harbi Ali Kullane, ancien conseiller du Premier ministre somalien, a confirmé au Sunday Times que son fils était en détention et s'est dit "traumatisé".
Les enquêteurs ont une semaine en vertu de la loi sur le terrorisme, pour l'interroger. Les premiers éléments de l'enquête, confiée à la direction antiterroriste, révèlent "une motivation potentielle liée à l'extrémisme islamiste", selon la police. Cette dernière a annoncé effectuer des perquisitions à trois adresses à Londres. L'une d'entre elles, dans le nord de Londres à Kentish Town, est présentée par plusieurs médias comme étant le domicile d'Ali Harbi Ali. Le voisinage est, d'après l'AFP, surpris : "Nous connaissons la famille, ce sont des gens adorables."
Le suspect avait rejoint un programme, Prevent, dispositif destiné aux personnes présentant un risque de radicalisation et basé sur le volontariat, selon la BBC. Peu assidu, le jeune homme ne représentait pas un sujet d'intérêt pour les autorités à l'époque. D'après les premiers éléments de l'enquête à présent, l'assaillant a agi seul et s'était "auto-radicalisé", selon le Sunday Times. Son entourage indique qu'il pourrait avoir été inspiré par Al-Shabab, les islamistes liés à Al-Qaïda en Somalie, en regardant leurs vidéos de propagande, une attitude de "loups solitaires" qui se seraient gavés de ce type d'images durant le confinement. Si toutes les pistes sont explorées - David Amess côtoyait pour son travail des dignitaires Qatari proches du pouvoir somalien -, le choix de la victime ne serait pas avoir été calculé depuis très longtemps.
La qualité du dispositif Prevent est depuis remise en cause par un examen indépendant, a annoncé aux médias britanniques la ministre de l'Intérieur Priti Patel. La sécurité autour des députés en zone publique est aussi pointée du doigt et rappelle un autre drame, celui de l'assassinat de la députée travailliste Jo Cox en juin 2016 par l'extrémiste de droite Thomas Mair.
Parallèlement à l'investigation, les hommages se multiplient. Depuis la tragédie, de nombreuses personnes sont venues déposer des bouquets de fleurs et des hommages écrits à la victime, tels que le Premier ministre conservateur, Boris Johnson, et le chef du parti d'opposition travailliste, Keir Starmer. Ce lundi, une minute de silence sera observée en mémoire de David Amess à la chambre des Communes, où il siégeait depuis 1983. Une fois les hommages terminés, une procession dirigée par le président de la chambre des Communes se dirigera vers l'église St Margaret, à côté de l'abbaye de Westminster, pour une messe du souvenir.