Guillaume Canet, cavalier aussi émérite que passionné qui s'apprête à incarner à l'écran le champion olympique de saut d'obstacles Pierre Durand (avec la bénédiction de ce dernier), risque d'être attristé, comme de nombreux fous de cheval, par la rubrique nécrologique de ce mardi 19 juillet 2011 : on y apprend la mort de Pierre Jonquères d'Oriola, légende du sport équestre français, double champion olympique de saut d'obstacles.
Ce descendant d'une famille anoblie sous Louis XV est décédé mardi à l'âge de 91 ans, selon une annonce faite par sa fille Laurence, à son domicile de Corneilla-del-Vercol, son fief : né dans cette commune catalane des Pyrénées-Orientales le 1er février 1920, il ne l'avait jamais quittée et s'y était même reconverti dans la viticulture, prolongeant la saga de ses ancêtres propriétaires terriens, après avoir mis un terme à sa carrière de cavalier. "Il était encore en bonne forme en début d'année, mais a décliné ces dernières semaines. Il est mort chez lui, entouré de ses enfants", a témoigné auprès de l'AFP Laurence Jonquères d'Oriola.
Son superbe palmarès, le plus beau de la discipline en France, était demeuré presque aussi légendaire que son franc-parler notoire et ses anicroches régulières avec la Fédération nationale, qui avaient notamment failli lui faire manquer les Jeux Olympiques de Helsinki en 1952 : des olympiades au cours desquelles son illustre cousin par alliance, le fleurettiste Christian d'Oriola, toucha l'or, et où Pierre Jonquères d'Oriola décrocha lui aussi l'or olympique du saut d'obstacles en individuel sur Ali Baba. Un exploit qu'il réédita douze ans (et de nombreux titres, nationaux et internationaux) plus tard, aux JO de Tokyo en 1964, et qui lui valut d'être traité en héros national à son retour dans l'Hexagone : il ramenait en effet la seule médaille d'or de la délégation française, et le général De Gaulle ne manqua pas de le féliciter chaudement. Sa dernière médaille olympique (en cinq participations aux JO) fut en argent, il la décrocha par équipe en 1968 à Mexico. Après quoi, en dehors d'une candidature aux élections européennes de 1979 et la rédaction (ou participation) d'ouvrages spécifiques, il se consacra essentiellement à ses vignes catalanes.
Au total, il cumula près de 500 victoires en 25 années de carrière équestre, quatre médailles olympiques (deux d'or, deux d'argent) et également le premier titre de champion du monde d'un cavalier français, en 1966, à Buenos Aires. L'AFP rappelle qu'il tenait encore une forme olympique dans ses dernières années, citant un entretien de 2008 où Pierre Jonquères d'Oriola, héros national qui était un homme de terroir avant tout, déclarait : "Je pourrais encore monter. Mais je me contente de quelques petites sorties en VTT sur les chemins de terre."
L'excellente interview vidéo que nous vous proposons de découvrir, postée sur YouTube en mars dernier par InstructeurEqui, témoigne bien de sa belle vitalité et de la passion qui l'anima jusqu'au bout.