Paul-Henri Mathieu est un guerrier. Du genre à ne jamais baisser les bras. Sauf que. PHM semble cette fois-ci être allé au bout de ses ressources physiques et mentales. Miné par des douleurs physiques, touché par la maladie de sa compagne, l'ancien 12e joueur mondial n'en peut plus. Pour autant, pas question de lâcher.
C'est au mois de janvier que Paul-Henri Mathieu publiait sur son compte Twitter une petite phrase donnant une certaine idée du douloureux combat qu'il mène au côté de sa compagne Quiterie âgée de 31 ans : "Gabriel et moi sommes contents que la première chimiothérapie de maman se soit bien passée." Comme le révèle L'Equipe, Paul-Henri Mathieu et sa moitié apprenaient deux semaines avant le début de l'Open d'Australie en janvier dernier que la maman du petit Gabriel, 1 an, souffrait d'un lymphome de Hodgkin, un cancer des systèmes lymphatiques.
Après trois mois de chimio, la jeune femme semble réagir positivement au traitement et passe désormais à la radiothérapie. Pour PHM, il est difficile de trouver sa place, lui qui passe la plupart du temps dans les airs pour se rendre d'un tournoi à un autre. "Sur le moment, c'est un tsunami, confie le tricolore dans l'Équipe. C'est forcément compliqué. On espère bientôt que ça sera derrière nous. C'est long. Dans une période comme ça, tout paraît extrêmement long. Partir en tournoi, pas partir ? Ça m'est arrivé de me poser la question. Je ne sais pas si c'est possible de trouver le juste milieu. Cela ne peut pas être normal, mais on agit comme si ça l'était. Pour avancer. Ça fait partie de la vie, faut avancer."
Et avancer, le Strasbourgeois sait faire. Mais ces derniers temps, la mécanique ne suit plus. PHM vient d'enchaîner avec une septième défaite d'affilée à Bucarest. Touché par des problèmes au mollet et au dos, le Français a perdu de sa superbe, lui qui avait effectué un retour fracassant après plus d'un an d'absence alors qu'il tutoyait le top 10 mondial. En 2011, il devait subir une opération reconstructive du tibia, une ostéotomie tibiale pour les connaisseurs. Des mois de galère, de rééducation et des experts qui ne peuvent lui garantir qu'il rejouera un jour au tennis... Mais contre toute attente, Paul-Henri Mathieu forçait l'admiration avec un retour inattendu, jusqu'à l'apothéose de Roland-Garros l'année dernière, lorsqu'il s'imposait au terme d'un match dantesque face à John Isner, récoltant l'ovation du public parisien.
"Si cela n'avait pas été Roland, peut-être qu'au premier tour, j'aurais perdu en trois sets. Mais à Roland, on arrive toujours à sortir quelque chose de plus en nous, à chercher une force intérieure qu'on n'arrive pas à trouver sur d'autres tournois", confie-t-il encore. Aujourd'hui, le joueur de 31 ans n'a plus la force physique. Ni les ressources mentales. La lassitude semble avoir pris le pas chez un homme revenu de très loin et qui donne l'impression de ne pas être récompensé de ses efforts.
Une notion d'efforts qu'il associe à un physique impeccable et qu'il a toujours fait passer en premier. "J'avais besoin de me sentir fort physiquement", avance-t-il pour expliquer où il trouvait sa confiance. Une erreur, peut-être, admet-il à demi-mots : "Mais pour moi, depuis mon plus jeune âge, si tu veux devenir fort, tu dois avoir une hygiène de vie irréprochable, tu dois t'entraîner. J'ai toujours été trop exigeant. J'ai commencé très tôt, j'ai l'impression d'être sur le circuit depuis l'âge de 12 ans, avec des tournois partout, des circuits internationaux. C'est trop tôt. Forcément, ça use, psychologiquement et physiquement. Je ne pense pas qu'on ait besoin de disputer autant de tournois quand on est si jeune. Je ne le recommanderais pas aujourd'hui..."