Sonja de Norvège : La reine à coeur ouvert sur sa fausse couche

La Norvège vient de vivre une superbe liesse neigeuse, célébrant lundi dernier les 25 ans du règne du roi Harald V à l'occasion d'une fête très conviviale et originale : les abords du palais royal avaient été transformés en véritable site d'olympiades d'hiver et des milliers de personnes ont pu profiter autant des animations que de la joyeuse participation de la famille royale, au complet. Tout sourire auprès de son époux depuis 47 ans, la reine Sonja, 78 ans, a même fait un peu de ski de fond, complice avec sa bru la princesse Mette-Marit et ses petits-enfants.

Mais, alors que l'esprit de célébration s'est prolongé, le jeudi 21 janvier, avec le 12e anniversaire de la princesse Ingrid Alexandra, dont on peut découvrir de nouveaux portraits officiels signés du photographe Jørgen Gomnaes, la septuagénaire a fait des révélations bouleversantes sur le grand traumatisme de sa vie : sa fausse couche, quelques mois après son mariage avec Harald, alors qu'ils attendaient leur premier enfant...

Le couple, amoureux depuis la fin des années 1950 (ils s'étaient connus adolescents à l'école de voile, avant de se retrouver et d'avoir le coup de foudre huit ans plus tard lors d'un repas chez un ami commun, Johan Stenersen), avait déjà eu auparavant à endurer bien des épreuves : en raison de l'extraction modeste de Sonja (née Haraldsen), roturière fille d'un marchand de vêtements, leur relation a été cachée au public pendant neuf ans jusqu'à leurs fiançailles en mars 1968, et le jeune prince Harald a dû imposer le choix de son coeur à son père le roi Olav V (qui avait interdit les visites de Sonja, lorsqu'il avait compris qu'elle était plus qu'une amie !), lui promettant qu'il ne prendrait jamais épouse si ce n'était pas celle-là. Une menace de la part du seul héritier du trône dont la mise à exécution aurait scellé la fin du règne familial et, possiblement, la fin de la monarchie en Norvège. Après consultation du gouvernement, le roi Olav avait finalement autorisé leur mariage, célébré le 29 août 1968 dans une atmosphère de controverse. Cinq ans plus tard, la princesse héritière Sonja donnait au royaume un héritier, le prince Haakon, né en juillet 1973, presque deux ans après sa soeur la princesse Märtha Louise. Un héritier qui aurait pu arriver plus tôt, sans un drame...

Je me rappelle tous ces visages étrangers penchés au-dessus de moi

Le 2 juillet 1970, jour même des 67 ans du roi Olav et avant-veille de son propre 33e anniversaire, Sonja perd son premier enfant - un petit garçon. La tragédie se produit alors que le couple princier, qui a révélé un mois plus tôt la grossesse à ses compatriotes - cette fois largement enthousiasmés -, est en tournée estivale à bord du yacht royal, qui mouille dans le détroit de Hankø. La jeune femme de 32 ans, qui n'en est qu'à quelques mois, se réveille victime de crampes et de saignements. Très mal en point, elle parvient à appeler à l'aide. Plus de 45 ans après, le souvenir de ces moments d'atroce angoisse est encore gravé...

"Je me rappelle tous ces visages étrangers penchés au-dessus de moi, pendant qu'on m'emmenait à l'hôpital. C'était affreux, se remémore la reine Sonja dans un entretien accordé dans le cadre d'une série documentaire en sept épisodes de la télévision publique (NRK) à l'occasion des 25 ans de Harald et Sonja en tant que couple royal. Bien sûr que c'était une situation désespérée, je crois que c'était absolument épouvantable. On m'a fait descendre du bateau sur une civière."

On l'imagine terrorisée, au moment de son admission d'urgence à l'hôpital central de Fredrikstad, mais il lui a fallu en plus affronter cette épreuve sans son époux : protocole oblige, Harald n'était pas autorisé à l'accompagner à la maternité... "Du coup, j'étais complètement livrée à moi-même", déplore-t-elle, avant de repenser à ses premiers visiteurs, parmi lesquels son beau-père le roi Olav V et sa mère, Dagny Haraldsen, qui lui fut d'un précieux soutien. "Si ma mère peut rester aussi calme, alors je dois essayer [de l'être également]", estime-t-elle.

Le choc aurait pu être insurmontable, aggravé par l'inquiétude de ne pouvoir enfanter à nouveau et donner un héritier à la monarchie... Quatorze mois plus tard naissait la princesse Märtha Louise, et, encore deux ans après (et une autre fausse couche), le prince Haakon. "Heureusement, j'ai pu avoir d'autres enfants en parfaite santé..."