Il s'était brillamment fait un nom dans le milieu de la gastronomie française. Ayant fait ses armes dans la prestigieuse école Ferrandi tout en passant par George V, Matan Zaken a eu l'honneur de décrocher cette année, une étoile au Guide Michelin avec son restaurant Nhome, situé à Paris. N'ayant jusque-là jamais défrayé la chronique, ce jeudi 26 septembre 2024, nos confrères de Libération ont mis en lumière le témoignage d'une dizaine d'anciennes collaboratrices qui ont dénoncé son management "toxique" au sein de son établissement et celui de Nohmade, son entreprise traiteur.
En plus des "comportements inappropriés" du chef franco-israélien, des faits de "harcèlement sexuel" ont également été rapportés. Toutefois aucune n'a souhaité pour le moment l'attaquer en justice, les procédures risquant d'être coûteuses et dont la finalité pourrait avoir un goût amer... Parmi elles, Marie, une stagiaire de 23 ans présente "pendant trois mois et demi" a accepté de briser le silence : "Très vite, il a commencé à me poser des questions très intimes sur mes relations sexuelles, me demandait si je n'étais pas 'un peu gouine sur les bords'". Selon ses dires, Matan Zaken se serait également permis de lui faire des remarques déplacées sur son "physique".
Quand il passait, il me touchait la taille...
"Mes tétons, mes seins. Quand il passait, il me touchait la taille, me parlait du cul des femmes qu'il draguait... Lors de mon dernier service, il m'a dit au revoir et je n'ai pas pu le repousser. Il m'a mordillé la joue et a fait mine de me croquer l'épaule", a t-elle ajouté, encore très choquée. "Certaines filles arrivaient à le garder à distance... Qu'est-ce qui chez moi l'a autorisé à se comporter ainsi ?!". Une autre prénommée Kim, âgée de 21 ans affirme avoir "acheté un soutien-gorge" pour que les commentaires sur sa "poitrine" s'arrêtent.
Des comportements dérangeants dont a été témoin une ex-salariée de Nhomade, en plus d'en être parfois victime : "Dès qu'il peut faire des câlins et des bisous à une employée, à une stagiaire. J'ai travaillé avec des chefs avant, mais les hugs à l'américaine, les petits bisous sur le front ou la joue, les petits mots à l'oreille, les siestes allongées et collées contre une salariée de 23 ans sur le canapé dans le coin bureau qui jouxte le labo de Nhomade... je n'avais jamais vu ça".
Nos confrères ont également pu consulter des SMS que Matan Zaken a envoyé à une employée du pôle communication en plein milieu de conversations professionnelles : "Tu me galoches", "Tu étais folle hier (...) Je te dirais dans le creux de l'oreille discret". Ne voulant aucun malentendu avec la star des fourneaux, cette dernière a alors voulu "clarifier la situation". Chose qui aurait envenimer les choses entre eux et acter son départ. En juin pour Thurières Magazine, Matan Zaken s'était livré sur les conditions de travail qui "à ses yeux" étaient nécessaires pour obtenir "une équipe stable, sans turn-over ou presque".
Mais grand nombre qui ont travaillé à ses côtés auraient tout bonnement craqué ou démissionné. Les changements de dernière minute seraient fréquents. Les heures supplémentaires non rémunérées, et la disponibilité serait constamment de mise pour ne citer que cela. Ayant fait ses trois années de service militaire en Israël, Matan Zaken assume ce fonctionne martial qu'il connait bien. Les arrêts maladies et les absences ? Très peu pour lui. Ce dernier n'hésiterait pas à demander des preuves en cas de doute. Quitte à insister pour que tout le monde soit sur le pont contre vents et marées.
J'espère que mes remarques de connard te font progresser
"C'était vraiment comme à l'armée, si ce n'était pas comme il voulait, il jetait les trucs dans les airs, cassait des objets", a glissé Sandra qui a travaillé pour lui au tout début de Nhomade. Matan Zaken saurait se montrer intimidant, raison pour laquelle grand nombre ont souhaité garder l'anonymat pour témoigner. "Il dit tout le temps qu'il connait des gars, qui peuvent casser des bras", a assuré Louise, une trentenaire qui a également collaboré avec lui. Lorsqu'il sent qu'il franchit la ligne, Matan Zaken en véritable "leader" saurait s'en excuser.
"Sorry si parfois je suis brut dans ma manière de te parler, j'espère que mes remarques de connard te font progresser", aurait-il notamment textoté à une ancienne salariée. Concernant les faits qui lui sont reprochés, le principal intéressé qui n'a pas souhaité s'entretenir avec Libération, les écarte d'un revers de main : "Vous comprendrez que je ne puisse répondre à des allégations anonymes dont je conteste non seulement l'interprétation mais aussi la contextualisation, et dont je connais ni les tenants ni les aboutissants, pour en avoir jamais été saisi".
Matan Zaken reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés.