“En ce moment même Monsieur et Madame Junot sont paraît-il en pleine mer, une lune de miel enchanteresse mais rendue quasiment obligatoire puisque le bateau qui les abrite constitue l’un des innombrables cadeaux de mariage qu’ils ont reçus….” Ainsi s’ouvrait le 29 juin 1978 le dernier sujet du Journal Télévisé de France 2. Une séquence Carnet Blanc diffusée quelques heures seulement après que Mme Junot, autrement dit Caroline de Monaco, qui célèbre ce 23 janvier ses 68 ans, s’était unie religieusement à Philippe Junot, un célèbre banquier. Un événement couvert par les caméras du monde entier puisque 1000 journalistes étaient présents pour diffuser la bonne nouvelle.
Bonne nouvelle ? Pas pour tout le monde. Le soleil a beau baigner la Principauté en ce jour de noce, d’immenses stars comme Frank Sinatra, Ava Gardner et Cary Grant, dissimulées derrière leurs lunettes noires, ont beau adouber, par leur auguste présence, ce nouvel amour, dans le petit cénacle princier, certains font grise mine. Ils voient d’un mauvais œil l’union de cette jeune et si belle princesse, âgée seulement de 21 ans, à cet homme “du commun vivant de tout et de rien”, ainsi que l’aurait qualifié Rainier lui-même, cité dans le hors-série Les couples de légendes, publié par Paris Match en 2021. Un couple que les autorités monégasques auraient bien aimé voir se défaire avant que ce mariage soit célébré. Hélas, il n’en sera rien.
Cet homme, c’est Philippe Junot. C’est un fils de bonne famille. Père député, sous-préfet et ancien adjoint au maire de Paris; mère : fille d’un industriel danois. Il cumule toutefois certains handicaps pour que cette union comble la famille Grimaldi. D’abord, ses origines : il n’a pas d’ascendants aristocratiques. Ensuite, son âge : il a 17 ans de plus que Caroline ! Son métier n’est pas non plus très apprécié : il travaille dans l’immobilier avec les aléas que cette activité comporte. Pour couronner le tout, ce play boy — de ce point de vue, tout le monde est d’accord — a rencontré la fille aînée de Grace et Rainier dans une boîte de nuit new-yorkaise…
Ce n’est donc en rien un hasard si en ce jour de noce où tout semble parfait, les observateurs du Gotha notent des absents de marque… À l’exception du comte de Paris et de l’ancien roi d’Italie Humbert II, aucune tête couronnée n’a fait le déplacement… Le prince Charles a prétexté avoir été “retenu par une obligation”. Les représentants royaux de la cour de Norvège, de celle du Danemark, des Pays-Bas, ou du grand-duché du Luxembourg, qui ont pourtant accueilli régulièrement Rainier et Grace, ont brillé par leur absence de même que les princes du Liechtenstein.
Qu’importent à la mariée ces défections. Pour l’heure, en cette journée de fête, elle savoure son bonheur avec cet homme dont elle espère avoir des enfants. Ce soir-là, elle va danser, amoureuse, oubliant les doutes des uns, les rancœurs des autres, et balayant d’un revers de la main les rumeurs qui courent sur la réputation d’aventurier en affaires et de coureur que traîne son époux. L’état de grâce sera de courte durée…
Deux années durant, au cours desquelles le couple promène sa renommée de soirées parisiennes en stations de ski huppées, ce Don Juan, ainsi que le qualifie l’hebdomadaire Paris Match, va mener la vie dure à la jeune mariée. Un homme un peu trop libre d'un côté, une jeune femme tenue par un strict protocole : les rêves de Caroline de fonder une famille s’envolent. Le 9 octobre 1980, le divorce de celle qui se réfugie désormais parfois dans un coin calme de France, est prononcé.
Fin de l’histoire ? Pas tout à fait. Il faudra attendre douze années supplémentaires pour qu’au terme d’une longue procédure, le Vatican, représenté par le souverain pontife de l’époque, Jean-Paul II, accepte d’annuler le mariage religieux. Entre-temps, Caroline a bien sûr refait sa vie. Avec Stefano Casiraghi, d’abord, qu’elle ne peut épouser que civilement le 29 décembre 1983 au palais de Monaco. Puis, près de 10 ans après la disparition tragique du père de Charlotte, Pierre et Andrea, elle convolera, en janvier 1999, avec Ernst August de Hanovre, récemment impliqué dans une altercation survenue à Madrid, et qui est encore son mari aujourd’hui.
Et Philippe Junot ? Il a bien sûr lui aussi retrouvé l’amour. Il s’est remarié en 1988 avec Nina Wendelboe-Larsen, une femme d’origine danoise, qui lui donnera trois enfants : Victoria, Alexis et Isabelle. Cette dernière a d'ailleurs imité son père en renouant avec des amours aristocratiques puisqu’elle épousait en Espagne en avril 2022 Álvaro Falcó Chavarri, quatrième marquis de Cubas. Un personnage de la noblesse espagnole à qui elle allait donner une fille, baptisée Philippa.
Le grand-père de cette dernière, Philippe Junot a quant à lui entre-temps quitté Nina Wendelboe-Larsen pour se mettre en couple avec la mannequin Helén Wendel avec qui il a également une enfant, Chloé, née en 2005.
Cependant, il a continué ses affaires. On saura à la fin des années 2000, lorsqu'éclata le scandale, qu'il avait des connexions avec Bernard Madoff, le célèbre homme d'affaire américain qui s'était rendu coupable d'une gigantesque escroquerie et qui est décédé depuis en prison. "Madoff nous a bernés", clamait Junot en janvier 2009 dans les pages de L'Express, expliquant comment il avait été trompé par l'escroc.
Philippe Junot a heureusement pu se consoler en se consacrant à sa famille. Ses filles Chloé et Isabelle résident en effet du côté de Marbella, en Espagne, un lieu ensoleillé où leur père, désormais âgé de 84 ans, se rend souvent pour leur rendre visite…