C’est l’un des airs les plus connus du répertoire classique dans le monde entier et que ce soit au cinéma ou à la télévision, il n’est pas rare de l’entendre. Avec son Boléro, composé en 1928 à l’Opéra Garnier pour la danseuse russe Ida Rubinstein, Maurice Ravel va connaître un succès planétaire. Un peu moins de 100 ans après sa création, cette musique de ballet pour orchestre continue d’émerveiller et on la retrouve notamment dans l’un des grands succès cinématographiques de la fin d’année 2024 en France, le film En Fanfare avec Pierre Lottin et Benjamin Lavernhe. Damien Chazelle dans Babylon ou encore Brian De Palma dans Femme fatale en passant par Claude Lelouch dans Les Uns et les Autres jusqu'au classique Rashōmon d'Akira Kurosawa, les réalisateurs sont nombreux à l’avoir intégré dans leur bande originale.
Depuis 2016, les droits du Boléro de Ravel sont tombés dans le domaine public et visiblement, les ayants droits du compositeur souhaitent faire entendre leur voix. Comme nous l'apprend ici Pays Basque ce mardi 21 janvier, une bataille judiciaire fait rage depuis plusieurs années maintenant entre les héritiers de Maurice Ravel et la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique). Le 28 juin 2023 déjà, le tribunal de Nanterre a déjà donné une première décision dans cette affaire, affirmant que l’artiste “est bien le seul et unique auteur du Boléro, et par conséquent, oui, l’œuvre est bien tombée dans le domaine public depuis mai 2016”, comme l’écrivent nos confrères.
Les héritiers de Maurice Ravel auraient pourtant aimé prolonger les droits d’auteur d’une musique qui a généré “des millions d'euros de droits pendant des années”, comme le rappelle la SACEM. La famille du compositeur a tenté de “démontrer qu'Alexandre Benois, un Russe scénographe à l'origine des décors et des costumes lors de la première représentation du ballet, serait co-auteur de l'œuvre”, comme l’explique ici Pays Basque. Le scénographe est décédé en 1960 et s’il était reconnu comme co-auteur, les droits d’auteur seraient alors prolongés jusqu’en 2039. “Ils demandent aussi que soit associée Bronislava Nijinska, auteure de la chorégraphie du Boléro, dans ce cas, l'œuvre tomberait dans le domaine public en 2051”, ajoutent nos confrères.
En juin 2024, le tribunal de Nanterre a confirmé sa décision en première instance, mais visiblement, cela ne convient pas aux héritiers de Maurice Ravel, qui ont décidé de faire appel. “Ils ont trouvé ce stratagème pour essayer de gagner encore de l'argent de façon, à mon avis, complètement scandaleuse”, lâche Etienne Rousseau-Plotto, spécialiste du compositeur, et membre de l'académie Ravel à propos de la famille du célèbre compositeur français. Non, la musique n'adoucit pas toujours les moeurs...