Quatre ans après avoir joué les duettistes de prestige pour le premier best of de Moby, reprenant avec lui son Slipping away paru quelques mois auparavant sur l'album Hotel, Mylène Farmer retrouvait en 2010 l'insaisissable homme-orchestre new-yorkais, un des principaux contributeurs de son album Bleu Noir.
Paru le 6 décembre 2010 dans le sillage d'un premier single (Oui... mais non) estampillé RedOne - le producteur lié au succès de Lady Gaga - dans la mouvance électro-dance du moment, cette nouvelle réalisation déjà platinée de la divine rousse, exceptionnellement dissociée de son fameux complice Laurent Boutonnat, se distingue par son éclectisme, ses climats, et la voix de l'interprète, qu'on semble (re)découvrir par endroits.
C'est d'ailleurs une sensation à l'oeuvre avec le single-titre Bleu noir, une des compositions (parmi six) de Moby où la voix de Mylène Farmer perce sans fard sur des couplets à la partition épurée (un brin Dido-styled), avant de prendre son envol vers les contrées de voix de tête qu'on lui connaît bien sur le refrain.
Après avoir fait appel à Chris Sweeney et au chorégraphe David Leighton pour le clip de Oui mais... non, puis avoir sollicité l'excellent vidéaste Alain Escalle pour celui de Leïla, troublant morceau portant la marque atmosphérique du formidable Darius Keeler d'Archive, c'est à Olivier Dahan que la chanteuse a fait appel pour illustrer Bleu noir.
Après de premières images dévoilant un monde de ténèbres calmes et de douce mélancolie, l'intégralité de la réalisation du cinéaste à la clipographie garnie (Raphaël, Mozart l'opéra rock) est désormais visible sur le site plus si éphémère que cela www.mylenefarmer-bleunoir.com - cliquez ici. Où l'on découvre, 24 ans après Tristana, Mylène Farmer dans un univers neigeux, jambes nues sous un long manteau, pour une bal(l)ade morbide éclairée et apaisée par l'éclat de l'amour, un amour cosmique : "Je marche vers les ténèbres/Vers l'horizon funeste/Mais la vie qui m'entoure et me baigne/Me dit quand même ça vaut la peine (...) La bataille est belle/Celle de l'amour/Disperse tout/La bataille est celle/De longs, long jours/Mon amour." Une bataille mise en scène, en noir et blanc, par de très esthétiques tableaux élémentaux (forêt obscure, neige, tempête de feuilles mortes) qui se succèdent jusqu'à voir l'aurore poindre. Pourvu qu'elle soit douce...
G.J.