"Mon étape ici est terminée." C'est par ces quelques mots que Sandro Rosell, le président du FC Barcelone, a confirmé, hier soir, jeudi 23 janvier, la rumeur surprise qui courait depuis quelques heures : il démissionne de son poste. Visé par une plainte judiciaire à propos du gros transfert de la pépite brésilienne Neymar cet été, sur lequel pèseraient des irrégularités, le dirigeant a choisi de partir en attendant la suite de l'enquête... Un véritable choc en Catalogne.
En quelques jours, tout a basculé au FC Barcelone. Car l'affaire, que la presse a déjà baptisée le "Neymargate", n'a réellement débuté que dimanche dernier. Eduardo Inda, journaliste pro-Real Madrid - le rival historique du Barça -, ancien du journal Marca et grand ami du président madrilène Florentino Perez, écrit dans le quotidien généraliste El Mundo, déjà auteur des révélations sur le soi-disant blanchiment d'argent de Lionel Messi et son père Jorge, qui s'avéreront fausses, un long article dans lequel il révèle que Sandro Rosell n'aurait pas payé 57 millions d'euros pour faire venir Neymar au Barça cet été, mais... 94,4. Le transfert est en effet soupçonné d'irrégularités depuis la plainte d'un socio (supporter-adhérent) du club datant de décembre dernier...
Malgré le manque de crédibilité évident de l'auteur de l'article dans El Mundo, tout s'accélère mercredi quand un juge estime finalement recevable la plainte du socio qui souhaite qu'une enquête judiciaire soit effectuée pour éclaircir les zones d'ombre entourant le transfert, plutôt bas pour celui que l'on annonce comme le futur meilleur joueur de la planète. Des pots-de-vin ou des commissions occultes ont-ils été versés ? Le socio soupçonne en tout cas Sandro Rosell d'"appropriation indue", un délit apparenté en droit français à un abus de bien social, et trouve anormal que la "destination réelle" du montant versé pour cette opération ne soit pas connu par les supporters-membres du Barça. Et première victoire pour lui, ce sera à la justice, qui mène désormais l'enquête, de le dire.
Sandro Rosell, lui, dément catégoriquement les informations d'El Mundo et affirme encore que le transfert de Neymar a bien couté 57 millions d'euros. Alors que le président demande à être entendu par la justice, celle-ci refuse, estimant ne pas avoir besoin de l'entendre. C'est le début de la fin pour lui.
Face aux "fortes pressions", Sandro Rosell décide alors de jeter l'éponge. Preuve de sa culpabilité ? Pas pour l'instant, car le désormais ex-président du Barça a déclaré en conférence de presse que sa démission était simplement motivée par le fait de protéger l'image du club. "Je ne veux pas qu'une attaque injuste affecte négativement l'image du club et c'est pourquoi je pense que mon étape au club est terminée. Je présente ma démission au comité de manière irrévocable", a-t-il assuré. Plus surprenant, il a au passage révélé avoir subi des menaces avec sa famille. Selon El Mundo Deportivo, quotidien pro-Barça, un impact de balle aurait même été retrouvé sur sa porte après les fêtes de Noël, constaté par la police catalane, qui a toutefois démenti cette information le lendemain. Ce qui donne quand même une toute autre dimension à l'affaire, même si l'on savait que le président comptait de nombreux ennemis, surtout au sein même du Barça.
Président du Barça depuis 2010, mandat durant lequel le club a remporté 9 titres (dont 2 ligas et 1 Ligue des Champions) mais a aussi connu son lot d'épreuves - maladie d'Eric Abidal et du coach Tito Vilanova - Sandro Rosell laisse sa place à Josep Maria Bartomeu, jusqu'alors vice-président, jusqu'en 2016. À moins que des élections anticipées ne soit organisées. Dans ce cas, son ennemi intime et ex-ami Joan Laporta, également son prédécesseur, se tient évidemment prêt à faire son grand come-back...
Tout n'est cependant pas perdu pour Sandro Rosell. Selon l'avocat du socio Jordi Cases, celui qui a entraîné le chute du président, pourrait désormais retirer sa plainte. Surpris des dimensions prises par l'affaire, le supporter ne voudrait désormais pas que certains en "profitent pour nuire" à son Barça.