Dans la nouvelle génération d'actrices françaises qui brillent en français et en anglais, Clémence Poésy ressemble moins à Mélanie Laurent qu'à Léa Seydoux. Depuis Harry Potter et la coupe de feu, l'actrice ne cesse de chercher et expérimenter, jusqu'à porter le rôle de Jeanne d'Arc dans Jeanne Captive, en salles cette semaine.
Elle jongle entre Bons baisers de Bruges avec Colin Farrell, 127 heures avec James Franco, quelques épisodes de Gossip Girl et une flopée de films indépendants à la fois étranges et quasi-inconnus : La troisième partie du monde, Heartless ou Lullaby. On y verrait bien une volonté de brouiller les pistes, mais à l'entendre parler de sa décision de jouer Jeanne d'Arc, on penchera pour un bel instinct : "Je n'avais pas spécialement de curiosité pour ce personnage. C'est la façon dont Philippe Ramos m'en a parlé qui m'a donné envie de le faire, de comprendre pourquoi elle fascine encore autant de gens aujourd'hui."
Pour s'imprégner du rôle, elle écoute Leonard Cohen, lit Patti Smith, regarde La leçon de piano et comprend que "la Jeanne de Philippe, c'est une jeune femme qui s'efface." Une telle sensibilité pourrait étonner, sauf qu'il y a huit ans, Clémence Poésy portait déjà sur ses épaules le rôle de Marie Stuart, reine d'Écosse au destin tragique. A l'époque, elle n'avait que 20 ans.
Dans l'interview qu'elle accorde à Grazia, la femme derrière l'actrice se confie également sur la nudité et la manière dont l'industrie du cinéma utilise les corps :"Toutes les jeunes actrices avec qui j'ai discuté m'ont dit avoir souffert de ça. Les réalisateurs qui placent une scène de nu parce que leur actrice a 17 ans et que c'est vendeur, ça me rend dingue ! Moi, mes scènes se sont retrouvées sur Internet. Si je n'avais pas été si jeune à l'époque, j'aurais davantage tapé du poing sur la table..."
Là encore, c'est surtout l'instinct qui parle chez Clémence Poésy : "Sur Jeanne Captive, cela ne m'a pas posé de problème, parce que c'était une scène nécessaire. J'ai juste demandé une doublure pour les gros plans, c'était ma limite. J'ai aussi tourné en Angleterre un film qui raconte une rencontre sexuelle qui impliquait pas mal de scènes de nu. Mais c'était justifié, et on a même demandé des scènes supplémentaires."
Actuellement en pleine préparation de Mr Morgan's Last Love, où elle dansera avec Michael Caine, elle avoue qu'elle a du mal à dire non lorsqu'on lui propose un rôle : "Pour moi, c'est un luxe difficile à gérer, je gamberge pendant des jours, c'est l'horreur. Et puis j'adore bosser !" Adoptée par les Anglais, la belle se fait pourtant rare sur les plateaux français : "Je n'ai pas vraiment de famille de cinéma ici, je suis un peu plus solitaire... Mais j'adorerais y tourner davantage." À bon entendeur.
Geoffrey Crété