Le monde de la musique est en deuil. Le grand violoniste de jazz, Didier Lockwood, est mort dimanche 18 février 2018, à Paris. Le musicien, emporté à l'âge de 62 ans, est mort d'une crise cardiaque, a annoncé son agent Christophe Deghelt.
Je n'arrive pas à réaliser
"Son épouse, ses trois filles, sa famille, son agent, ses collaborateurs et sa maison de disque ont la douleur de faire part de la disparition brutale de Didier Lockwood dans sa 63e année", indique le communiqué transmis par son agent à l'AFP. L'artiste était marié à Patricia Petibon, il avait auparavant été l'époux de la chanteuse lyrique Caroline Casadesus. On lui connaissait aussi un inattendu lien familial avec l'acteur Orlando Bloom.
Le musicien avait participé à un concert la veille au soir au bal Blomet, une salle de jazz parisienne. "Didier c'était M. 100 000 volts. Je n'arrive pas à réaliser. On avait énormément de projets en cours. Il venait d'enregistrer un disque avec son épouse, la soprano Patricia Petibon", a personnellement réagi Christophe Deghelt. Didier Lockwood venait d'entamer une tournée pour présenter son dernier album, Open doors, publié en novembre 2017 et enregistré avec André Ceccarelli, Romain Antonio Farao et Darryl Hall.
Le regretté artiste était né à Calais le 11 février 1956 dans une famille franco-écossaise. Il était le fils d'un professeur de musique et s'était intéressé très tôt à l'improvisation grâce à son frère aîné Francis, pianiste de jazz. À 17 ans, le violoniste avait fait ses débuts au sein de Magma, alors le groupe phare du rock progressif en France. Il a ensuite occupé le paysage à travers de nombreux projets et rencontres, dans divers styles : jazz-fusion électrique, jazz acoustique, jazz manouche, jazz et musique classique.
Au cours de sa carrière, Didier Lockwood a créé deux opéras, des concertos pour violon, piano et orchestre, des poèmes lyriques et bien d'autres pièces symphoniques, sans oublier des musiques de films et de dessins animés. Il avait donné 4 500 concerts et fait plus de 35 enregistrements. Didier Lockwood était très impliqué dans l'éducation à la musique : auteur d'une méthode d'apprentissage du violon jazz, il avait créé en 2001 le Centre des musiques Didier Lockwood à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne), une école d'enseignement de l'improvisation.
Commandeur de l'ordre national du mérite, le jazzman avait remis en 2016 un rapport au gouvernement sur l'apprentissage de la musique, où il prônait un apprentissage de la musique par plus d'oralité et moins de solfège.
Ceux qui ont eu la chance de le voir sur scène n'oublieront jamais
Artistes ou représentants politiques, tous lui ont rendu hommage. "Profondément généreux et communicatif, il va manquer à ses amis, à la musique, à tous les enfants qu'il avait envie d'éclairer avec sa passion", a déclaré la ministre de la Culture Françoise Nyssen à l'AFP, qui l'avait connu comme vice-président du Haut conseil de l'éducation artistique et culturelle. "Il voulait faire de la musique sans frontières et sans a priori", a ajouté la ministre. "La France perd un musicien d'exception, un homme aux qualités rares", a souligné le violoniste Renaud Capuçon sur Twitter. "Ceux qui ont eu la chance de le voir sur scène n'oublieront jamais, non seulement l'expérience musicale, mais surtout l'énergie hors norme qu'il déployait", a écrit la maire de Lille Martine Aubry sur Twitter.
"Ce n'est pas qu'un grand violoniste qui se tait aujourd'hui, c'est un défenseur de la musique et des arts qui fut pour moi un ami éclairé, un roi de coeur", a salué François Lacharme, le président de l'Académie du jazz et de l'école de Didier Lockwood, dans un communiqué à l'AFP.
Thomas Montet