En mai dernier, Felicity Huffman avait choisi de plaider coupable dans l'affaire très médiatisée de corruption. L'actrice américaine de 56 ans avait admis avoir versé 15 000 dollars à une société spécialisée dans la préparation aux examens pour que les résultats de sa fille aînée, Sophia, soient falsifiés.
Comme prévu, la star qui a longtemps incarné le personnage de Lynette Scavo dans la série Desperate Housewives avait rendez-vous au tribunal fédéral de Boston vendredi 13 septembre afin d'être fixée sur son sort. Alors que quatre mois de prison et 250 000 avaient été requis contre elle, Felicity Huffman a finalement écopé de à deux semaines de prison. En addition de cette peine, elle devra payer 30 000 dollars d'amende (27 000 euros) et effectuer 250 heures de travail d'intérêt général (TIG).
Felicity Huffman, venue au tribunal en robe bleue marine et accompagnée de son mari William Macy, devrait commencer à purger sa peine dans six semaines, le 25 octobre. Sur la trentaine de parents inculpés dans cette affaire, elle est la première à connaître sa peine.
L'audience au tribunal fédéral de Boston était considérée comme un test de la sévérité que montrerait la justice face à des accusés blancs et fortunés. Le procureur fédéral avait demandé à la juge Indira Talwani une peine légère d'un mois de prison, faisant notamment valoir que de riches parents ne pouvaient pas impunément corrompre le système d'admissions. Les avocats de l'actrice avaient eux plaidé contre la prison, proposant un an de liberté conditionnelle, des travaux d'intérêt général et une amende de 20 000 dollars. La juge Indira Talwani a finalement tranché pour une brève incarcération.
J'accepte la décision
Cette peine permettra selon elle à l'actrice de "reconstruire sa vie". "Après cela, vous aurez acquitté votre dette", a déclaré la juge, selon des journalistes présents dans la salle. "Sans cette sentence, les gens vous demanderaient à l'avenir comment vous vous en êtes tiré à si bon compte".
"J'accepte sans réserve la décision d'aujourd'hui (...) il n'y a pas d'excuse ni de justification pour ce que j'ai fait", a assuré Felicity Huffman, dans une déclaration transmise par un porte-parole. "Je peux vous promettre que dans les mois et années à venir, je vais essayer de mener une vie plus honnête, donner un meilleur exemple à mes filles et ma famille", a ajouté l'actrice.
Dans une lettre de trois pages envoyée au juge début septembre, l'actrice avait expliqué pourquoi elle avait jugé bon de payer pour falsifier les tests de sa fille, qui avait eu une scolarité difficile mais ne lui avait rien demandé. "Dans ma volonté désespérée d'être une bonne mère, je me suis convaincue que je ne faisais que donner à ma fille une chance honnête, écrivait l'actrice. Je vois maintenant l'ironie qu'il y a là-dedans car ce que j'ai fait était le contraire d'honnête. J'ai enfreint la loi, trompé le monde éducatif, trahi ma fille et n'ai pas été à la hauteur de ma famille." Felicity Huffman, à l'affiche depuis août sur Netflix d'une nouvelle comédie, Otherhood, ajoutait qu'elle éprouverait "honte et regrets" pour le reste de sa vie.
Au total, 50 personnes ont été poursuivies dans ce dossier de corruption, dont une trentaine de parents, pour certains patrons d'entreprises ou avocats. Ils sont accusés d'avoir payé des sommes allant jusqu'à 6,5 millions de dollars pour faciliter l'entrée de leurs enfants dans de prestigieuses universités, dont UCLA, l'Université de Californie du Sud (USC), Stanford, Yale ou Georgetown. Vingt-trois personnes ont déjà plaidé coupable.
Le scandale avait éclaté mi-mars, après que l'ex-patron d'une société spécialisée de préparation aux examens, William Singer, avait reconnu avoir mis sur pied un système bien rôdé, allant de la triche aux examens jusqu'à la corruption d'entraîneurs sportifs universitaires, pour garantir l'admission de ces enfants de la bonne société dans de bonnes universités. William Singer, qui aurait reçu au total environ 25 millions de dollars, a collaboré avec les enquêteurs et enregistré ses conversations avec plusieurs parents, dont Felicity Huffman.
L'autre célébrité impliquée dans ce scandale est l'actrice Lori Loughlin, surtout connue pour son rôle dans la série La fête à la maison. Elle et son mari ont plaidé non coupable, et attendent leur procès.