L'affaire Magione déchaîne les passions. "La violence pour combattre la cupidité des entreprises est inacceptable", c'est la mise au point qui a été faite par la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, suite au soutien sans précédent au criminel Luigi Magione. Une réaction du sommet de l'État qui en dit long sur l'ampleur prise par l'affaire aux États-Unis. Même en France, l'affaire s'exporte. Pour rappel des faits il y a une semaine, Brian Thompson, puissant PDG du groupe UnitedHealthCare, a été abattu en pleine rue, et c'est Luigi Magione, principal suspect, qui a été depuis arrêté. La rumeur enfle sur trois mots retrouvés gravés sur les balles du tireur : "deny, defend, depose", comprenez "refuser, défendre, déposer". Des mots qui parlent à des millions d'Américains, ceux qui subissent de plein fouet les compagnies d'assurances, qui refusent de rembourser leurs soins. Spécialiste de la politique américaine des années pour BFMTV, Philippe Corbé l'a vécu lui aussi de trop près.
Sur le plateau de C à vous le jeudi 12 décembre pour commenter cette triste actualité, le journaliste français a tenté d'expliquer de la manière la plus simple les problèmes de couverture santé des Américains. "Chacun a une histoire là-dessus", a-t-il notifié. Mais personne n'aurait pu imaginer un tel acte. "Pour plein d'Américains, et pas juste les super riches, ils ne veulent pas que le public que l'état décide de quel médecin ils peuvent voir, ils veulent avoir la liberté de ça", a-t-il précisé. Une partie des Américains s'est quelque peu finalement réjouie de la mort de cet homme, ont rappelé les personnalités en plateau parmi lesquelles Anne-Elisabeth Lemoine. "Une banalisation de la violence", a noté Philippe Corbé, qui est marié depuis 2019 à Javier Miguel Céspedes, un Cubain-Américain rencontré deux ans auparavant à Manhattan. Un débat qui s'est exporté ici puisque dans un tweet, ce mercredi 11 décembre, la porte-parole de Lutte Ouvrière a évoqué les assurances de santé privées américaines et assimilé Luigi Mangione, principal suspect dans l'assassinat de Brian Thompson, à un "justicier individuel".
"Chacun pense ce qu'on veut de cette déclaration là, mais le système français n'a absolument rien à voir avec le système français, tient à rappeler Philippe Corbé, ancien directeur de la publication de BFMTV. Je vais vous raconter une histoire personnelle, ma mère est morte aux États-Unis, elle a eu une crise de santé intense, elle est allée à l'hôpital, moins de 24 heures, plusieurs dizaines de milliers de dollars de facture. C'est ça la vie de plein d'Américains." Une déclaration forte et personnelle qui fait écho aux problèmes connus par encore trop d'Américains, en raison de leur système de santé. Philippe Corbé a rappelé notamment que lors d'une grossesse difficile, l'enfant né ainsi avec déjà des centaines de milliers de dollars de dettes. "Pas tout le monde, beaucoup de gens sont couverts mais quand vous n'êtes pas couvert, votre vie peut basculer, si vous tombez de vélo, si vous tombez d'un toit alors que vous rénovez votre toit, ou parce que vous avez glissé sur une plaque de verre glas. Tout peut basculer à tout moment", a-t-il conclu. Une "ultra-précarité de la vie difficile à vivre" pour encore bien trop de monde.