Il avait tourné avec les plus grands, d'Alain Delon à Patrick Dewaere, en passant par Gérard Depardieu, Michel Serrault ou encore le regretté Jean Rochefort. Le cinéaste Alain Jessua, qui a réalisé dix films dont Traitement de choc (1973), est mort jeudi à 85 ans, a annoncé sa compagne, la journaliste Régine Magné.
"Alain Jessua, mon si grand et si bel amour depuis trente ans, s'est éteint ce soir à l'hôpital d'Évreux où il avait été placé en réanimation depuis un mois en raison d'une double pneumonie", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Né le 16 janvier 1932 à Paris, Alain Jessua avait débuté à 19 ans dans le cinéma en tant que stagiaire sur le film Casque d'or de Jacques Becker, avant de travailler comme assistant sur des films d'Yves Allégret (Mam'zelle Nitouche) et de Max Ophüls (Madame de..., Lola Montès).
"Je considère Ophüls comme un maître ; il m'a appris la direction d'acteurs", disait d'ailleurs le réalisateur, en avril dernier à Télérama en avril, alors que la Cinémathèque lui a consacré une rétrospective. En 1956, il signe son premier court métrage, Léon la lune, film muet sur la journée d'un clochard parisien, et obtient le prix Jean Vigo. Après ce succès, il tourne son premier long métrage, La Vie à l'envers (1964), avec Charles Denner et Jean Yanne, dont c'est l'une des toutes premières apparitions à l'écran. Ce portrait d'un agent immobilier qui sombre dans la solitude jusqu'à la folie lui vaut le prix du meilleur film étranger à la Mostra de Venise.
Des succès, Jessua en rencontrera beaucoup, et notamment ce prix du scénario au Festival de Cannes en 1967 pour son deuxième long métrage, Jeu de massacre, avec Jean-Pierre Cassel et Michel Duchaussoy. On lui doit également des films comme Traitement de choc, peut-être son plus populaire, avec Alain Delon et Annie Girardot, Paradis pour tous (1982), avec Patrick Dewaere et Jacques Dutronc, ou encore En toute innocence (1988), avec Nathalie Baye et Michel Serrault. Avec ses thèmes de prédilection (l'angoisse, la fascination pour la folie et la dénonciation des dangers de la science), il avait également signé un film fantastique, Frankenstein 90 (1984), où Jean Rochefort et Eddy Mitchell incarnaient le savant et sa créature.
Après son dernier film, Les Couleurs du diable (1997), Alain Jessua s'est ensuite tourné vers l'écriture, avec pas moins de huit romans au compteur.