Nate Parker pensait marquer l'histoire du cinéma américain avec Birth of a Nation, sa fresque épique et historique sur l'esclavage, une oeuvre pressentie aux Oscars depuis sa projection au festival de Sundance. C'était sans compter une sombre affaire de viol qui a refait surface, entachant à jamais son travail et sa réputation. Il est revenu sur ce sujet pour l'émission 60 Minutes, tentant de retenir ses larmes.
Devant les caméras et face à Anderson Cooper, Nate Parker explique qu'il ne se sent pas coupable des accusations selon lesquelles il aurait violé une étudiante de sa promo en 1999 : "Vous savez, je suis accusé à tort. Je suis allé au tribunal, j'ai assisté à l'audience. J'ai été jugé et innocenté." Avec son ami Jean Celestin, avec qui il a collaboré sur Birth of a Nation, il a été accusé d'agression sexuelle à l'encontre d'une jeune femme de 18 ans en 1999, alors qu'ils étudiaient au sein de l'université de Penn. Le coeur du dossier était de savoir si la plaignante était ou non consentante. Elle affirmait avoir été inconsciente aux moments des faits, tandis que Parker clamait le contraire.
Ayant réussi à prouver qu'il avait déjà eu auparavant des rapports avec elle, Nate Parker est acquitté, tandis que Jean Celestin est condamné. La victime reçoit une compensation financière de 17 500 dollars mais le fin de mot de l'histoire est tragique. En 2012, alors âgée de 30 ans, la jeune femme en question, mère d'un enfant, se suicide. Son certificat de décès note qu'elle souffrait, entre autres, de "dépression et de stress post-traumatique dû à des abus sexuels".
Anderson Cooper a précisément demandé à son invité s'il avait le sentiment d'avoir fait quelque chose de moralement mal, l'homme, aujourd'hui marié et père de cinq enfants, a répondu : "En tant que chrétien, me retrouver dans cette situation, oui. J'ai 36 ans aujourd'hui. Et ma foi est très importante pour moi. J'ai une maturité aujourd'hui que je n'avais certainement pas à 19 ans." Il a précisé ne pas savoir que la femme en question avait mis fin à ses jours, jusqu'à ce que les médias en parlent récemment en marge de la sortie du film : "Je ne savais pas du tout. J'ai appris la nouvelle aux infos. J'étais dévasté. C'était choquant, je n'arrivais pas à y croire."
Des excuses, c'est non.
Pourtant, Nate Parker, soulignant toutefois l'aspect tragique de cette affaire, refuse de s'excuser : "C'est horrible que cette femme ne soit plus là. Et que sa famille ait à gérer tout ça. Mais faire des excuses ici, c'est non."
Porté à bout de bras durant sept ans par Nate Parker (scénariste, réalisateur et acteur principal du film), Birth of a Nation suit le parcours véridique d'un Américain, Nat Turner, né esclave, qui mène l'une des plus importantes rebellions des États-Unis. Armie Hammer, Aja Naomi King, Jackie Earle Haley et Gabrielle Union font également partie de la distribution. On notera la référence du titre du film, qui fait écho à Naissance d'une nation, réalisation datant de 1915 de David Wark Griffith au discours raciste et faisant l'apologie du Ku Klux Klan.
"J'espère que le public restera concentré sur l'histoire inspirante du héros et saura dissocié le sujet de la controverse, déclare Nate Parker. Je pense que Nat Turner est un héros, ce qu'il a fait pour l'histoire est plus grand que moi. Je pense que c'est plus grand que nous tous."
Le Women's Law Project, qui représentait la victime, n'appelle pas à boycotter le film. Sa directrice Carol Tracy explique qu'il est important que Nate Parker puisse aller sur les campus parler de son film mais qu'il doit être prêt à répondre aux allégations de viol.