Entendu deux jours de suite dans les locaux de l'office anticorruption (Oclciff) à Nanterre près de Paris, Nicolas Sarkozy a finalement été mis en examen. Une enquête est menée de longue date concernant le financement présumé illégal de sa campagne électorale de 2007. Il aurait reçu des millions d'euros - Mediapart avance la somme astronomique de 50 millions - de la part de la Libye et de son ancien dirigeant, Mouammar Kadhafi. Il nie tout et tape du poing.
Mis en examen pour "corruption passive", "financement illégal de campagne électorale" et "recel de détournements de fonds publics libyens", Nicolas Sarkozy a été placé sous contrôle judiciaire. Il avait demandé en vain à être placé sous le statut de témoin assisté et, au cours de sa garde à vue, il a tenté de démontrer aux juges qu'il n'est pas coupable. "Pendant les 24 heures de ma garde à vue, j'ai essayé (...) de montrer que les indices graves et concordants qui sont la condition de la mise en examen n'existaient pas compte tenu de la fragilité du document ayant fait l'objet d'une enquête judiciaire et compte tenu des caractéristiques hautement suspectes et du passé lourdement chargé de (l'intermédiaire franco-libanais) M.Takieddine", a déclaré aux magistrats l'ancien président de la République, selon des propos reproduits sur le site du Figaro.
Nicolas Sarkozy, qui à l'époque des faits avait gagné face à Ségolène Royal - laquelle a déclaré sur Twitter que "les millions de citoyens ont le droit de savoir si le match était à armes égales" -, affirme que ni les documents entre les mains de la justice, ni les témoignages recueillis ne tiennent la route. "Je suis accusé sans aucune preuve matérielle par les déclarations de M. Kadhafi, de son fils, de son neveu, de son cousin, de son porte-parole, de son ancien Premier ministre et par les déclarations de M. Takieddine dont il est avéré à de multiples reprises qu'il a touché de l'argent de l'État libyen. À propos de M. Takieddine, je voudrais vous rappeler qu'il ne justifie durant cette période 2005-2011 d'aucun rendez-vous avec moi", a-t-il dit. Visiblement agacé et blessé de cette procédure, Nicolas Sarkozy a ajouté : "Depuis le 11 mars 2011, je vis l'enfer de cette calomnie. J'ai perdu l'élection présidentielle de 2012 à 1,5% (face à François Hollande, NDLR). La polémique lancée par Kadhafi et ses sbires m'a coûté ce point et demi."
L'ancien président était l'invité du journal de 20h de TF1 ce jeudi 22 mars 2018.
Thomas Montet