"Je suis un adulte", n'hésite-il pas à reprendre lorsqu'un journaliste du Washington Post croit bon d'observer qu'il "se comporte en adulte" : à seulement 19 ans, Taylor Fritz, qui vient de se révéler au grand public amateur de tennis en éliminant coup sur coup lors du tournoi d'Indian Wells le Français Benoît Paire et le numéro 6 mondial Marin Cilic (avant de s'incliner avec les honneurs contre Malek Jaziri), affiche une maturité impressionnante. Et pas seulement sur les courts : côté coeur, l'Américain qui monte est, en dépit de son jeune âge, mari et père !
Il n'en avait que 18 (et pointait déjà au 67e rang mondial) lorsqu'il a épousé le 7 juillet 2016 sa sublime compagne Raquel Pedraza (19 ans depuis le 28 janvier dernier), lors d'une cérémonie à Rancho Santa Fe, sa ville natale. Depuis, elle lui a donné un fils, Jordan Taylor, né le 20 janvier dernier.
Elle-même tenniswoman de haut niveau (même si elle n'évolue pas sur le circuit mondial, au contraire de son chéri), Raquel sait les ambitions de Taylor et les sacrifices auxquels doit consentir un champion pour atteindre l'excellence. Après sa victoire éclatante (6-3, 6-2 en 1h05) contre Benoît Paire le 10 mars, celui que l'ATP World Tour désignait "Star de demain" en décembre lors de son grand gala de fin de saison expliquait en interview avec le quotidien The Desert Sun combien sa présence à ses côtés est importante.
Interrogé sur l'arrivée récente de leur premier enfant, le jeune homme a souligné en toute sincérité combien le dévouement de son épouse lui permet de rester concentré sur ses objectifs : "Pour être honnête, a-t-il confié, Raquel a vraiment pris les choses en main et elle gère cela d'une manière incroyable, parce que mon rêve est de devenir le meilleur joueur de tennis possible. Et j'ai énormément de chance d'être avec quelqu'un qui partage le même rêve que moi. C'est ce qu'elle veut plus que tout. Elle sacrifie délibérément son temps et fait tout ce qu'il faut pour que je puisse continuer à m'entraîner et faire ce que j'ai à faire exactement comme je veux le faire. J'ai vraiment beaucoup de chance et j'essaye de voir mon fils autant que je le peux, bien sûr, parce que c'est fantastique. C'est vraiment fantastique. Il est là." Illustration parfaite de son propos, Raquel Pedraza a partagé sa vive émotion et sa fierté sur Twitter après la première victoire de son homme contre un joueur du top 10 (Marin Cilic)...
Finaliste de l'Open de Memphis en février (battu 6-4, 6-4 par Kei Nishikori) et déjà vainqueur de trois tournois Challenger chez les pros, Taylor Fritz, fils d'une ancienne joueuse du top 10 mondial et entraîné par son père, insiste sur le fait que sa paternité n'a en rien changé son degré d'engagement : "Vous savez, les gens croient que je passe moins de temps sur le court et à la salle de sport, mais ça me va, aucun souci, parce que je suis sûre que ça va leur revenir en pleine figure s'ils sous-estiment l'entraînement et le travail que j'engage. En réalité, rien n'a vraiment changé. En tout cas rien à voir avec ce que les gens pensent."
Qu'on n'aille pas voir derrière ces déclarations le bon alibi d'un papa peu présent, car l'Américain d'1m93 et 84 kilos, actuellement 136e joueur mondial, l'affirmait déjà l'an dernier en évoquant son mariage : "J'ai beaucoup plus de responsabilités que bien des gens de mon âge." Son éventuelle entrée dans le top 50 mondial dira bientôt s'il a été en mesure de les assumer.