

La genèse du film de Sofia Coppola, The Bling Ring - présenté au dernier Festival de Cannes - démarre quand la réalisatrice lit un article du Vanity Fair sur l'une des membres du gang du même nom. Estomaquée par ce fait divers - des jeunes de classes moyennes qui s'amusaient à cambrioler des maisons de stars - elle décide d'en faire un film. Pas de long métrage contemplatif cette fois, à la différence de son précédent film, Somewhere, mais une oeuvre rythmée et dans l'air du temps, avec un casting pimpant : Katie Chang, Claire Julien, Israel Broussard, Taissa Farmiga et Emma Watson, la sorcière de Harry Potter reconvertie en voleuse bling bling.
En interview pour Les Inrockuptibles, la fille de Francis Ford Coppola explique clairement qu'elle n'est pas là pour porter un jugement sur les acteurs de ce gang, ni sur la société mais veut amener les gens à réfléchir sur le monde et sur nos valeurs. Son film parle des stars de tabloïds ou de reality-shows : "C'est une nouvelle forme de star-system. Je ne veux pas les critiquer. Je veux surtout montrer la fascination qu'ils peuvent exercer, eux ou leurs vêtements, sur les jeunes gens notamment. Jusqu'à l'obsession."
La réalisatrice raconte d'ailleurs la participation de la riche héritière Paris Hilton, victime du véritable Bling Ring, à son long métrage : "Elle voulait faire partie du film. Tous les people qu'on voit dans le film ont été victime de la bande. Mais Paris Hilton n'était pas dans sa maison lorsque nous avons tourné. Je ne crois pas qu'elle soit très attentive à la protection de son intimité vous savez, ou qu'elle considère que sa maison en fait partie. J'avoue que j'ai été surprise qu'elle accepte qu'on filme ses toilettes, par exemple."
De son côté, si Sofia Coppola a un passé d'enfants de stars, elle ne se compare pas à ses personnages, elle qui n'a même pas de compte Facebook, réseau au coeur de son film puisque les jeunes brigands y postent des photos de leurs méfaits. Plus jeune, elle a vécu dans une petite ville près San Francisco, où il n'y avait pas de boîte comme à Los Angeles. Elle admet qu'elle pouvait passer des heures au téléphone à dire du mal de tout le monde : "On séchait un peu les cours, parfois, comme tous les adolescents... Rien de terrible. Je ne suis jamais allée aussi loin que les personnages de mon film."
Sofia Coppola a dans tous les cas de l'affection pour ces drôles d'adolescents obsédés par tout ce qui brille, notamment le garçon, qu'elle a pu rencontrer : "Le garçon était assez sympathique, d'abord parce qu'il était rongé par le remords. [...] C'est effectivement le personnage que je trouve le plus sympathique, même si j'aime bien les filles. Mais je ne crois pas que son sexe ait quelque chose à voir avec ça. C'est juste que lui, en tant qu'individu, m'est plus sympathique. Et puis je l'ai rencontré dans la vie."
"The Bling Ring", en salles le 12 juin
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Les Inrockuptibles du 5 juin