"C'est vrai, je n'ai pas fait d'études supérieures, mais la présidence est une fonction et non un métier. J'ai fait preuve de compétence, d'engagement, de rigueur et d'efficience à maintes reprises. À l'école du monde, j'ai appris, j'ai beaucoup appris. Le voyage instruit autant que les livres." C'est par ses mots, prononcés avec humilité, que le chanteur Youssou N'Dour a annoncé, lundi soir, sa candidature à l'élection présidentielle sénégalaise à la radio et à la télévision.
Âgé de 52 ans, l'artiste connu dans le monde grâce au tube 7 seconds qu'il partageait en duo avec Neneh Cherry, entend répondre ainsi aux nombreux Sénégalais qui, "depuis très longtemps", "ont, par divers moyens, appelé [sa] candidature". Youssou N'Dour se présente comme "l'alternative à l'Alternance", laquelle désigne au Sénégal le régime du président Abdoulaye Wade, un libéral arrivé au pouvoir en 2000 après 40 ans de pouvoir socialiste, précise l'AFP.
Artiste sénégalais le plus connu au monde, ayant vendu près de 20 millions d'albums, Youssou N'Dour est aussi très engagé contre la pauvreté et contre le sida qui ravage l'Afrique. Dans son pays, il créait en 2010 un mouvement citoyen baptisé Fekke ma ci bollé ("Je suis là, donc j'en fais partie"). Youssou N'Dour promettait alors de soutenir pour la première fois un candidat à la présidentielle. Encouragé par ses concitoyens, alors qu'en juin dernier il déclarait encore ne pas vouloir se présenter, l'artiste a donc décidé de se lancer, de faire "le meilleur des dons de soi".
À Dakar, Youssou N'Dour possède un studio, une société de production et une société de micro-crédit ; il anime une fondation caritative en plus d'être patron de presse : outre RFM et TFM, le groupe Futurs médias comprend un quotidien, autant de médias, rappelle l'AFP, bénéficiant d'une large audience dans le pays, et souvent critiques envers le régime du président Abdoulaye Wade. Dans sa déclaration lundi soir, Youssou N'Dour a promis de "faire du Sénégal un pays qui se fait tout seul, par la main et la force de ses enfants". Dans son programme, des initiatives pour la paix dans la région troublée de la Casamance (sud), le développement de l'agriculture, des projets tournés vers le social, la santé et l'éducation.
Le chanteur fait partie de la vingtaine de personnalités, essentiellement politiques, qui ont annoncé leur intention de se présenter. Au Conseil constitutionnel de décider de la validité des candidatures qu'il aura reçues. Une décision sera rendue fin janvier. Le premier tour du scrutin est programmé le 26 février.