Pour prendre un nouveau départ, l'ancienne secrétaire d'Etat du gouvernement Fillon sous la présidence de Nicolas Sarkozy Rama Yade a décidé en 2017 de s'installer aux Etats-Unis. Si dans son interview pour le magazine Gala l'an dernier, elle semblait avoir de nouveau posé ses valises en France, la femme politique de 44 ans s'est confiée longuement à L'Express pour son édition du 19 novembre 2021 et est finalement toujours expatriée avec sa fille en Amérique du Nord, à Washington exactement. Elle a livré à la revue son regard sur les mouvements Wokisme, cancel culture, #Metoo et sur la France.
Maman de Jeanne, 7 ans et demi, née de sa relation avec le haut-fonctionnaire Joseph Zimet, Rama Yade était rentrée en France en 2020 pour se rapprocher de ses proches et pour diriger son cours intitulé L'Afrique au centre du monde à Sciences-po Paris ainsi qu'à Reims. Toutefois, elle est repartie en Amérique où elle officie en tant que directrice Afrique de l'Atlantic Council à Washington qui promeut les relations entre les Etats-Unis et les pays d'Afrique, après avoir oeuvré dans un premier temps pour la Banque mondiale. Elle s'étend longuement sur le wokisme qui fait tant débat aujourd'hui : "Le wokisme a été brandi de manière abusive comme un outil de censure. En réalité, c'est juste le refus des discriminations. Ce n'est quand même pas honteux de combattre les inégalités !" Si elle reconnaît des dérives, elle estime que dans l'universalisme français comme dans le multiculturalisme américain, il y a du bon et du mauvais.
Critique envers la France et notamment de ses institutions, Rama Yade est ramenée à son passé où elle a travaillé pour la présidence de Nicolas Sarkozy en tant que secrétaire d'État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l'homme puis des Sports. Elle rétorque : "Mais j'étais une licorne ! J'étais une anomalie, pas du tout un prototype. Combien depuis ? (...) Je suis bien obligée de constater que depuis mon départ du gouvernement, les Afro-descendants ne courent pas les gouvernements. A l'image d'une élite politique qui s'est incroyablement durcie."
Refusant toute étiquette politique désormais - elle a été adhérente à l'UMP de 2007 à 2010 -, Rama Yade veut s'exprimer en toute liberté. Pour pouvoir dire que "passer à Paris devant la figure de Colbert, ce grand ennemi de la liberté, dont la statue est devant l'Assemblée nationale, est une micro-agression". De quoi faire hérisser les poils du polémiste réactionnaire candidat putatif à la présidentielle Eric Zemmour ou de Sarah El Haïry, actuelle secrétaire d'Etat chargée de la Jeunesse et Marlène Schiappa, en charge de la Citoyenneté. Un constat radical pour la France, ce qui n'empêche pas son pays de lui manquer, comme ses boulangeries et ses librairies.