"Ma mère était lâche, manipulatrice" : victime d'inceste de la part de son père, une ancienne gloire du basket français raconte son calvaire

Il y a des récits qui glacent le sang et celui de Paoline Ekambi en fait partie. Légende du basket féminin français, l'ancienne joueuse de 61 ans aux 254 sélections avec les Bleues, a décidé de se livrer sur l'enfer que lui a fait vivre son père lorsqu'elle était jeune avec son livre, Ma promesse en héritage (Ed. Amphora). Pour Le Parisien, elle revient sur les raisons qui l'ont poussé à témoigner : "Depuis que j'ai été victime d'inceste, je mène un long combat. J'ai toujours écrit, toutes mes pensées, mes colères, balancé mes émotions dans un carnet (...) Le déclencheur a été une pétition, en 2021, dans laquelle j'ai découvert des chiffres. Plus de 6 millions de Français ont déclaré avoir été victimes d'inceste, 160 000 enfants le sont chaque année."

Paoline Ekambi a pris la décision de coucher sur le papier son histoire, aidée par la journaliste Liliane Trévisan. Durant son enfance, celle qui a fait les beaux jours du basket français a été la victime des atrocités de son père. "Les violences sont allées crescendo. D'abord les coups, les humiliations, les baisers forcés, jusqu'aux viols le dimanche matin quand ma mère allait au marché. Je le sentais arriver, mon instinct s'est aiguisé très tôt", raconte-t-elle au Parisien, avant d'évoquer le rôle de sa mère : "Ma mère était lâche, manipulatrice. Après la mort de mon père, j'ai essayé de discuter avec elle. Elle n'a jamais admis ses erreurs. Je ressentais du dégoût, je refusais qu'elle me touche. Un jour, j'ai senti une pulsion (elle mime un coup de poing). J'ai dû arrêter d'aller la voir."

Aujourd'hui, les deux parents de Paoline Ekambi sont décédés et la sportive n'a jamais pu avoir de réponse à ses questions. "Ce qui me ronge, qui me tue, ce sont les non-réponses. J'attendais que mes parents me demandent pardon, qu'ils m'expliquent. Je ne dis pas que je leur aurais accordé, mais cela m'aurait soulagée", explique-t-elle. Heureusement le basket a été une bouée de sauvetage pour celle qui estime qu'elle aurait pu très mal tourner autrement : "Suicide, scarifications, prostitution. Tout ce qui se passe pour de nombreuses victimes. J'en ai entendu tellement qui se sont autodétruites. Des mortes-vivantes."